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     500                      DE L'ENSEIGNEMENT
      tion de l'antique n'est donc pas l'admiration du vieux, mais dit
      naturel (1). »
         C'est parce que l'intelligence de l'enfant doit, comme son corps,
      être nourri de tout ce qu'il y a de plus sain et de plus naturel,
      que nous préférons pour les premières études les langues et les
     littératures anciennes aux langues et aux littératures contempo-
     raines.
         L'enseignement d'une langue morte existe chez tous les peu-
     ples aussi avant que l'histoire nous permette de remonter. Jus-
     que dans l'antique civilisation de l'Inde, nous trouvons une
     classe cultivée à l'aide d'une langue sacrée, antérieure au dia-
     lecte usuel et dépositaire des traditions. Mais ce n'est point seu-
     lement par la nécessité de ne pas rompre la chaîne des traditions
     humaines, que nous devons maintenir l'étude des langues anti-
     ques, c'est avant tout à cause de la beauté, de la perfection de
     leur littérature.
        Si l'instruction première est autre chose qu'un apprentissage
     professionnel, si son but est supérieur à celui de surexciter des
     vocations littéraires, ou autres ; si elle doit tendre avant tout,
     comme nous le pensons, à créer des hommes de bon sens, c'est
     au nom du sens le plus droit, de la raison la plus saine, que
     nous plaidons la cause des lettres antiques.
        Nous nous sommes élevé à propos de l'éducation littéraire
    contre l'esprit d'ironie ; mais, si nous demandons qu'en dressant
    les jeunes intelligences, on leur apprenne surtout l'admiration du
    beau ; l'amour du beau lui-même, de ce juste équilibre en qui
    réside la perfection , nous fait détester l'aveuglement dans l'en-
    thousiasme. Il faut mettre avant tout dans l'âme de l'enfant
    de l'harmonie, de sages proportions entre toutes les facultés
    et c'est là le don par excellence du génie ancien. L'ironie y tient
    peu de place à côté de la naïveté et de l'enthousiasme ; mais, l'en-
    thousiasme, dans la poésie grecque, est avant tout celui de la
    raison. Si vigoureuse que soit son inspiration, cette inspiration se
    maîtrise dans son énergie elle-même, comme tout ce qui est

      (i) Ralph Emerson. Essai de philosophie américaine.




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