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HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 409
tiques, ses ouvriers ; qui salisfaisoît en apparence aux devoirs d'époux, de
père, d'ami; qui, d'accord avec le prêtre pour vous tromper, s'assujeltissoi! Ã
quelques pratiques de religion et distribuoit quelques aumônes. Mais le
cœur et l'âme de ces honnêtes gens vous étoient-ils bien connus ? Avez-vous
pénétré dans l'intérieur de leurs maisons, et les circonstances ne vous éciai-
rentelles pas enfin sur l'hypocrisie de leurs mœurs? La patrie leur demandoit
quelques sacrifices pécuniaires, le peuple vouioit qu'ils reconnussent sa sou-
veraineté, et aussitôt ils jurèrent une haine éternelle aux amis de la révolu-
tion.,.. Mais on ose dire de tels ou tels: Gëloienl des républicains. Ce blas-
phème déchire l'âme du patriote observateur et sensible Il ne s'agit pas
d'être républicain par système , il faut l'être par caractère ; il faut renoncer
à toute habitude, à tout commerce avec les ennemis de la révolution ; il faut
que les mœurs du républicain annoncent son amour pour l'égalité. Mais arrê-
tons-nous. Nos frères de Paris nous donnent un exemple sublime qui, nous
retraçant l'héroïsme des anciens Romains, électiïsera les âmes les plus tièdes.
Oui, la mort des traîtres sera bientôt un sujet de joie universelle. Nous dirons
tous, après leur supplice :
« Rome est libre, il suffit ; rendons grâces aux Dieux. »
Ce journal laissa-t-il fléchir ces principes républicains ? d'Àu-
inale fut-il accusé de n'être pas assez patriote? Nous l'igno-
rons. Le fait est que, le 12 nivôse, an H, il fut arrêté et mis en
prison. Le 13, la commission temporaire fit mettre les scellés sur
son imprimerie et lejournal fut interrompu.
Le même jour, d'Aumale écrivait :
LE PATRIOTE D'AUMALE,
A t,A SOCIÉTÉ POPULAIRE DE COMMUKE-AFFRAKCHIE, I 3 .NIVÔSE, I,'AH SECOND
DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇOISE ONE ET INDIVISIBLE.
« FRÈRES ET AMIS,
« Combien les aristocrates doivent triompher ! Les patriotes persécutent les
patriotes, et je suis, depuis hier soir, incarcéré par ordre de la Commission
temporaire. Ce n'est pas pour invoquer mon élargissement que je vous écris ;
ce seroit vous demander de faire des démarches pour moi, et un individu,
quel qu'il soit, ne doit pas occuper toute l'attention d'une société populaire.
Je me borne à vous demander acle de ce qui se passa lors de la séance où
Duperret fit lecture de la trop fameuse pétition présentée par les Lyonnois Ã
la barre de la Convention nationale. C'étoit le fi nivôse, à la fin de cette lec