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                        DES SEGUSIAVI LIBERI.                             S 83
   X. Au reste, la condition des fœderati et des liberi des Gau-
les ne laissait pas que d'être fort avantageuse eu égard aux
cités de leur nation qui étaient réduites en provinces. Ainsi, ils
conservaient leurs propriétés, leurs lois et leurs magistrats , à
moins qu'ils n'y renonçassent volontairement, en adoptant le
régime municipal des Romains. Ils avaient leur milice ; ils pou-
vaient posséder des biens particuliers ; ils avaient, je le pense
ainsi, le droit de battre monnaie ; ils pouvaient même recevoir
des étrangers au nombre de leurs citoyens. Tacite (liv. 4, c. 43)
nons apprend en effet qu'en présence de Tibère, le sénat de Rome
 « s'occupa d'une requête des Marseillais (1). Valentius Moschus,
exilé de Rome, était devenu citoyen de leur ville, et, la regardant
comme sa patrie, il lui avait laissé tous ses biens, comme au-
trefois Publius Rutilius, à Smyrne, qui l'avait adoptée depuis
son exil. L'exemple de Rutilius fut une autorité. »
   Mais ceci même prouve la sujétion des cités fédérées à l'égard
de Rome, et montre que le sénat exerçait sur elles sa haute
juridiction.
    Dans les liens de la dépendance que subissaient tous les peu-
ples de la Gaule sans exception, les liberi et les fœderati, de
 même que les provinciales ne tardèrent pas à se façonner aux

la victoire ù'Alesia, qui fit tomber toute la Gaule sous la domination romaine.
C'est du moins ce que l'on peut induire de Suétone, lorsqu'en parlant de
César, il dit : Omnem, Galliam prater SOCIAS, ac bene méritas civilas in pro-
vinciœ formant redegit. Ce que, au surplus, César fit en faveur de quelques
cité s des Gaules auxquelles il accorda la liberté et l'autonomie, ne fut de sa
part qu'une concession envers celles-ci, et nullement le résultat d'un traité
d'alliance qu'il n'eut pas à conclure avec ces peuples entièrement vaincus
et dispersés.
   (1) Marseille qui, selon Justin (XLI1I,5), prit le deuil à l'occasion de la
prise de Rome, et offrit, pour payer les Gaulois, de l'argent aux Romains,
contracta avec ceux-ci une alliance œquo jure. Mais, après sa révolte, Marseille
n'eut plus que le simple titre de fédérée, civilas fœderata, comme la qualifie
Pline (III, 5), titre qu'elle reçut d'Auguste, ou peut-être de César, qui nous
apprend qu'il ne laissa subsister cette ville qu'à cause de son nom et de soit
antiquité : pio nomine et velustate. (DE BELL. CIV. : lih. H, 6).