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LE MARIAGE DE MA VOISINE.
Une fille, à seize ans, est bonne à marier ;
Elle sait promener ses doigts sur un clavier,
Dans un corset cruel emprisonner ses-hanches,
Se faire un ongle rose et pointu, — des mains blanches,
Parler italien, peindre tant bien que mal,
Être sage à la messe et souriante au bal.
Donc on cherche un mari.—Vient unjeune homme honnête
Vêtu d'un habit noir, ganté, la barbe faite ;
11 a laissé chez lui sa pipe et ses gros mots,
Il arrive au salon comme dans un champ-clos,
La visière baissée, armé pour la parade,
Hérissé de vertus et de morale fade.
Ainsi qu'une médaille un homme a deux revers,
Et les femmes jamais n'en connaissent l'envers.
La mère, le matin, en embrassant sa fille,
Lui prescrit de se faire avenante et gentille ;
La pauvre enfant va prendre au fond de son tiroir
Sa robe préférée, et devant son miroir
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