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160                 EXPOSITION UNIVERSELLE.
leurs méditations, l'étude des immenses problêmes qui agitent et
agiteront de plus en plus le monde, et ne lui laisseront repos et
trêve que lorsqu'aura été trouvée leur pacifique solution?
   Il est impossible que ce grand fait matériel de l'Exposition
Universelle ne donne pas naissance à quelque grand fait moral ; il
est impossible que ces prud'hommes qui auront étudié et comparé
consciencieusement, pendant plusieurs mois, les produits du
travail des principaux peuples de la terre n'aient pas été conduits
à examiner les conditions d'existence de leurs travailleurs ; il est
impossible alors, surtout pour ceux qui viennent des contrées
agitées par l'esprit des réformes sociales, qu'un sentiment de
tristesse et d'inquiétude ne les ait pas saisis et ne les dispose pas
à répondre sympathiquement à l'appel qui leur viendrait d'en
haut de concourir à la solution de ces menaçants problêmes.
   Et d'ailleurs, combien il serait imposant de voir cette solennelle
assemblée des représentants de l'industrie de tous les peuples
exprimer des vœux en faveur des grandes mesures d'intérêt
universel qu'elle recommanderait à la sollicitude de tous les
gouvernements et à l'énergie des nations les plus riches et les
plus industrieuses. Si, de nos jours, Collomb venait de toucher la
 terre du Nouveau monde, est-ce que le jury de l'Exposition Uni-
 verselle pourrait se dissoudre sans avoir salué cette découverte
 du génie et sans avoir assuré au hardi navigateur le concours de
 toutes les nations du vieux monde pour continuer son œuvre ?
 Pourquoi donc ce congrès industriel et commercial des peuples
 cesserait-il, avant d'avoir indiqué quelles sont, en ce moment,
 les grandes œuvres qui pourraient le plus favoriser les progrès
 de l'industrie et du commerce du monde?
   Jadis, lorsque les rois d'Espagne et de Portugal répandaient
leurs peuples sur l'Afrique et sur l'Asie, et lorsque plus tard,
avec eux, les rois de France et d'Angleterre s'emparaient de
l'Amérique, les relations industrielles et commerciales de tous
les peuples recevaient le contre-coup bienfaisant de ces riches
 conquêtes, obtenues, hélas ! au prix de sanglants sacrifices. De
 quelle bénédiction seraient salués les rois ou les peuples qui,
 aujourd'hui, enrichiraient le monde, sans guerre, sans conquête,