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EXPOSITION UNIVERSELLE
DE LONDRES.
Si je viens aussi tard parler de l'Exposition Universelle, c'est
que chaque fois que j'ai pris la plume, j'ai été arrêté par la
grandeur du sujet. Maintenant encore, après avoir admiré et
étudié pendant deux mois ces innombrables richesses, il me se-
rait difficile de me livrer à la description d'aucune d'elles. Étonné
de l'imposante grandeur d'un si merveilleux ensemble, mon es-
prit n'est préoccupé que des conséquences certaines qu'un pareil
effort d'émulation féconde entre les peuples doit avoir sur l'a-
venir de l'humanité tout entière, et c'est de cet avenir seul que
je veux parler aujourd'hui.
L'Exposition est le symbole de l'unité humaine, a dit le prince
Alhert • cela est vrai. Or, pour nous qui avons vu l'Empire, qui
avons partagé ses préjugés et ses haines contre tout ce qui n'é-
tait pas Français, l'apparition éclatante de ce symbole de solida-
rité , d'association, de fraternité entre les peuples nous sur-
prend et nous éblouit comme un merveilleux rêve, comme une
résurrection dans un monde meilleur.
Oui, naguère encore, les hommes de nations différentes se haïs-
saient et ne rêvaient qu'aux moyens de s'entre-détruire, de s'ap-
pauvrir, de se ruiner ; eh bien ! trente à quarante années de paix
ont fait ce miracle , que les philosophes, les poètes et les plus
illustres hommes d'État de tous les siècles passés n'auraient pas
seulement pu rêver.
J'aime à me figurer l'étonnement et l'admiration de nos héros
de l'histoire, s'ils voyaient se précipiter aux portes de cette im-