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140 FORVM SEGVSIAVORVM. lents incendies dont la tradition paraît s'être conservée dans les armes symboliques gravées sur l'écusson de la cité du moyen âge. (1) Il est à croire que ces dévas- tations eurent lieu du IVe au Ve siècle, dans les invasions successives des Visigoths, des Bourguignons, des Francs et des Sarrazins, lesquelles toutefois ne firent que renverser ce que les divisions intestines du Bas-Empire avaient ébranlé. Les oscillations de la prospérité de Feurs pa- raissent indiquées par la quantité proportionnelle des médailles qu'ont laissé les différents règnes. Sous ce rap- port l'époque des Antonins est la plus riche ; viennent ensuite les règnes d'Auguste et de Tibère , de Vespasien , de Trajan, d'Hadrien : puis il y a une décroissance jusque au temps d'Alexandre Sévère. Les monuments échappés à la tourmente ont, à leur tour, subi la destruction plus froide et plus raisonnée de la civilisation. Vers le XIVe siècle, on entoura Feurs de murailles qui furent entièrement construites avec les dé- bris des édifices gallo-romains. Le théâtre, le Palais, les portiques ont fourni des matériaux à l'église dont les piliers intérieurs, les contreforts et les corniches sont en superbes blocs de granit portant encore les traces des crampons de fer qui les reliaient il y a XVIII siècles (2). Chaque habitant a pris sa part dans les ruines que le (1) La ville de Feurs portait d'argent à un pot à deux anses et à trois pieds de sable d'où sort une flamme de feu, d'or et de gueule. (3) A ce propos, je signalerai l'erreur de de La Mure, lorsqu'il nous raconte qu'on voit à la voùd' et au frontispice de l'église de Feurs des restes d'autels, de flammes, de brasiers et de sculptures antiques. Le bon chanoine a pris pour bas-reliefs lies clefs de voûte de style ogival et de mauvais orne- ments de la Renaissance qui sont accolés au fronton du temple. Tous les écrivains superficiels ont reproduit cette erreur.