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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 91
nation romaine, preuves irrécusables d'une ancienne occupation, dont on n'a
pu jusqu'ici apprécier ni la nature, ni l'étendue, ni l'importance. A en juger
par les inscriptions mises au jour, qui cependant ne sont pas concluantes,
cette capitale de la Bourgogne, au moyen âge , n'était peut-être alors qu'une
agrégation de villas, un lieu d'exploitations industrielles ou d'entrepôts
créés par les naulœ ararici.
Au III e siècle, un caslrum enferma et protégea ces établissements. Grégoire
de Tours en attribue la construction à Aurélien, et c'est l'opinion qu'embrasse
et défend M. deBelloguet: Veteres ferunt ab Aureliano imperatore hoc caslrum
fuisse œdificalum. Cette étroite enceinte paraît avoir été le centre et le noyau
de la ville. Bientôt fécondée par le sang de saint Bénigne, elle s'agrandit et se
peupla. Elle devint la résidence affectionnée, mais non officielle, des évêques
de Langres, de Saint-Urbain, et du dijonnais Aprunculus, au Ve siècle, de
saint Grégoire et de saint Tétricus, son fils et son successeur au VI e . L'église
de Dijon fut alors, selon la chronique de saint Bénigne, la nécropole
accoutumée de ces illustres el pieux pasteurs.
Au Caslrum, que décrit le père de notre histoire, succéda une autre
enceinte destinée à protéger la ville contre les attaques des Barbares, ou
peut-être construite pour réparer les ruines qu'ils avaient faites. Dans la
muraille de cette seconde enceinte, que M. deBelloguet distingue soigneu-
sement de la première, furent enfouis les débris de la civilisation romaine,
les monuments du paganisme, et les tombes curieuses de quelques familles
juives, dont la présence, au milieu de ces trésors archéologiques, n'est pas un
des faits les moins intéressants de cette histoire.
Du ¥11* au X e siècle, à peine Dijon est-il mentionné deux ou trois fois
dans les écrivains originaux. Le géographe de Ravenne le passe même
entièrement sous silence, dans la description assez détaillée qu'il nous a
laissée de la Bourgogne carlovingienne. Son territoire reste d'abord obscuré-
ment compris dans l'ancien Pagus Atnmriorum, et ce n'est qu'en 783 que le
divionensis se montre, pour la première fois, dans un acte de Tulfric.
Tel est le résumé des faits qu'expose et développe l'auteur des Origines
dijonnaises. Mais il ne faut pas juger de l'intérêt que présente son travail par
cette froide et sèche analyse. M. de Belloguet a poursuivi un double but :
r° poser les bases de l'histoire ancienne de sa ville natale, et les réduire à ce
qu'elles ont de réel, de solide, d'incontestable ; 2 0 faire bonne et complète
justice de toutes les fables que l'ignorance, l'aveugle amour du clocher, la
fausse science des écoles encyclopédique et romantique avait introduites
dans les origines dijonnaises. Cette seconde tâche, il l'a remplie avec non-
moins de succès que la première; elle lui a servi à jeter, au milieu de
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