Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   LETTRES DE SAINT-ETIENNE                        349




                                   I

                                         Saint-Etienne, 6 novembre 1841.



           M E S CHERS P A R E N T S ,


     J'ai tardé un peu à vous annoncer mon arrivée, mais
 j'espère bien que vous n'avez pas été inquiets, malgré toutes
 les craintes qu'inspirait à mon père cette pauvre voiture de
 nuit. On n'y est pas plus dérangé que dans les autres, et à
 six heures à peu près j'étais dans ma petite chambre, devant
 mon feu que mon hôtesse avait eu soin de m'allumer. J'ai
 eu beaucoup à faire ces premiers jours, aujourd'hui encore
 je suis très occupé par ma dernière composition ; mais
 Mrae Agarithe part pour Lyon, et je profite de son obli-
 geance.
     Je n'ai rien à vous dire de bien particulier, mes chers
 parents, nous avons épuisé, dimanche et lundi, la longue
 liste de ce que nous avions mutuellement à nous demander.
 Je vous annoncerai cependant que demain je suis invité
 avec tous les professeurs à un grand dîner par le médecin
 du collège, M. Escoffier. C'est un singulier pays que celui
 où les dîners se donnent à midi, comme à Paris les déjeu-
 ners.
     J'ai fait ces jours-ci quelques connaissances. D'abord j'ai
retrouvé un de mes camarades de philosophie, puis un
jeune élève de l'Ecole des Mines, qui est son ami, m'a
apporté des lettres de Bonnel et de Lescœurs, et, par eux,
j'ai vu aussi un autre élève de l'Ecole des Alines et un