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306 PROMENADES HISTORIQUES grâce à nos lecteurs de toute cette partie de la discussion aussi aride que fastidieuse. De part et d'autre, néanmoins, on avait conclu, en exigeant le dépôt des pièces elles-mêmes pour les contrôler; ceux-ci désiraient les livres de compte de la fabrique, afin d'y retrouver la trace et l'emploi de leur argent ; ceux-là refusaient de se prononcer sur la valeur des titres qu'on leur objectait, avant d'avoir tenu les origi- naux, parce que la copie qui leur avait été transmise n'était pas moins illisible qu'incorrecte. Ainsi, après la première passe d'armes, les adversaires demeuraient sur le terrain ; ils tenaient seulement à examiner, pour un prochain enga- gement, si la pointe des fleurets avait été convenablement émouchetée. Il est incroyable quelles bizarres objections souleva, des deux côtés, la simple proposition que je viens de rappeler et à quels délais on soumit son exécution. On chicana soit sur les inconvénients de déplacer des registres d'une comp- tabilité journalière, soit sur le danger de se dessaisir de documents à feuilles volantes, trop faciles à s'égarer parmi d'autres dossiers ; on disputa sur le lieu de la com- munication et la durée de l'enquête : serait-ce au greffe? Serait-ce dans l'étude des hommes de loi? Il y eut, enfin, rapports, plaidoiries, interlocutoires, serments prêtés, prononcé contradictoire en audience, récépissé en forme; six mois furent employés à ces préliminaires et quels flots d'encre et de parole coulèrent à cette occasion, on le devine plus qu'on ne saurait supporter de le voir raconté. N'en soyons qu'à demi étonnés : on doit remplir les formes, comme dit, sans bégayer, le célèbre Bridoison, et on sait bien, toujours d'après ce jurisconsulte de la comédie de Beau- marchais, que la forme est le patrimoine des Tribunaux. Définitivement cependant Poulard et Peillon s'applaudi-