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304                PROMENADES HISTORIQUES

sécurité. Pourquoi interrompre et troubler une si longue paix ?
Le zèle intempestif d'un pasteur, à peine installé depuis un an,
plus bouillant que charitable, est la cause de cette attaque
imprévue. M. Peillon a sans doute découvert, dans les
papiers de son prédécesseur, l'obligation d'Etienne Gonin ;
l'aubaine était trop belle pour la négliger, et son premier
mouvement a été de revendiquer cette somme. S'il avait
mieux cherché, s'il s'était entouré d'informations utiles, il
ne lui aurait point échappé que les derniers règlements
avaient été passés entre le luminaire et les héritiers ; il n'aurait
plus été assez mal avisé pour jeter à l'étourdi, dans les tracas
et l'inquiétude, des gens tranquilles, sans autre bien que leur
honnêteté, sans autre passion que leur amour du repos.
Mais la guerre déclarée lui sera funeste; à ses revendica-
tions sans solidité, on en opposera d'autres, appuyées sur
les meilleures preuves : le plus molesté et le plus confus ne
sera pas celui qu'il a désigné et qu'il attend. On mettra,
sous les yeux des juges, les quittances qu'il n'a pas lues,
qu'il a refusé de voir, et il apprendra de leur texte même que
les fabriciens d'Essertines ont encaissé plus qu'il ne leur
revenait; l'excédent, avec toutes additions vérifiées, monte
à 68 livres, 8 sols, 8 deniers : rien de plus légitime que d'en
requérir le prompt remboursement.
   Quelles étaient donc ces fameuses quittances, moins
inconnues du curé qu'on l'insinuait, moins libératrices
surtout qu'on le criait avec tant d'ostentation ? Le procès
se concentre en quelque sorte sur elles ; nous devons à nos
lecteurs de les énumérer sans omission ; on en comptait
neuf.
   La première du 27 avril 1739, reçu Simon Grangeard,
luminier, à compte des arrérages de la rente 40 livres.
   La deuxième du 27 mars 1740, reçu le même Simon
Grangeard, 40 livres à compte des arrérages;