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302                PROMENADES HISTORIQUES

d'Essertines à Jas et aux communaux de ce dernier bourg ;
là, « par forme d'arrêt, il met et réduit sous la main du roi
et de justice deux plongeons de seigle de la quantité de trois
cents gerbes; puis, sur l'aire, près de la grange, il agit de
même pour quatre autres plongeons, deux de seigle et deux
de froment, comprenant six cents gerbes environ ( i ) . »
Un cultivateur, d'à côté, Claude Chirat, consent à veiller
sur ce séquestre jusqu'à la vente; on clôt et on signe le
procès-verbal et chacun se retire.
   Comment à ce coup reculer et continuer de tout braver?
Maligeay, qui s'était imaginé qu'on n'en viendrait pas à de
telles rigueurs, en voyant ses récoltes en danger, s'empresse
de faire opposition aux actes légaux précédents et demande
à la Sénéchaussée de l'exempter de l'odieuse contrainte
d'une enchère publique. Dans sa requête, les moyens de
défense, dont il use, sont assez faibles et assez courts; mais
il se réserve de les articuler tous plus tard, à l'heure oppor-
tune. Pour le moment, il invoque son ignorance, il proteste
de la pureté de ses intentions, il affirme n'avoir appris que
dans le courant du mois de mai, sa convocation au chef-
lieu de la province et la condamnation qui l'avait frappé,
dix semaines auparavant. Le bon apôtre, dès ses premières
écritures, mentait effrontément ; il n'aurait pas été difficile
de le convaincre d'impudence : la vérité était qu'il avait été
au contraire si exactement provenu et renseigné qu'il s'était
précipité de la façon la plus brutale dans la demeure du
curé, avait envahi ses appartements, et, le poing levé, des
menaces plein la bouche, lui avait outrageusement repro-
ché la vilaine et sotte affaire qu'il lui suscitair. Au besoin,


  (i) Verbal en saisie, par Morel, huissier de Panissières; les deux
témoins étaient frères et se nommaient Duillon.