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LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE 257 encore; mais je suis bien content que votre santé soit assez bonne. Soignez-vous bien, en songeant que votre bonheur est la plus grande partie du mien, et qu'il n'y a rien dont je souffre plus que de vos souffrances. Il faut nous préparer, mes chers parents, à un rude sacrifice. Notre camarade Javiot, qui suppléait M. Monin à Lyon est arrivé ces jours-ci. J'ai beaucoup causé avec lui, et j'ai vu très clairement que nos espérances étaient sans fondement et qu'il n'y avait aucune chance pour que je fusse placé près de vous. La division de seconde n'existera plus l'année prochaine, et on n'en fait pas en rhétorique ; or, comme il m'était impossible d'espérer autre chose, il ne me reste plus qu'à me résigner à vivre encore loin de vous, quoiqu'il doive bien m'en coûter. Je viens cependant de faire pour M. Bédel une lettre que je prie mon père de lui porter. Comme vous le verrez, puisque je la laisse ouverte, je ne lui demande pas moins de m'appuyer pour cela, et dé dédoubler la seconde. Si on parle de Saint-Etienne, mon père pourra lui dire pourquoi je ne voudrais pas y être envoyé. Les élèves qui y étaient cette année se sont assez mal conduits en général. La répu- tation de l'école y est détestable, et la position de leurs successeurs sera très pénible. Je ne la prendrais que si par exemple M. Dubois m'en priait bien instamment, en me promettant de m'en faire plus tard un titre pour passer à Lyon sur un bon pied. Noël n'a eu que 2.400 fr. cette année, ce qui n'est pas très brillant ; à Lyon avec quelques répétitions et 1.800 francs de fixe, j'irai " facilement à 3.000 francs. Il n'est pas de folie que ces pauvres jeunes gens n'aient faites pour se faire une mauvaise réputation. Ils n'ont été reçus nulle part, ils n'ont pas pu avoir de répé- titions, ou bien elles les ont abandonnés immédiatement. Ne parlez de cela à Lorenti que s'il vous en parle le N° 4. — Octobre 1897. 17