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L'AMBULANCIÈRE ALSACIENNE 2ir jusqu'au sacrifice ont toujours été là où la douleur, la souf- france, la misère viennent abattre le courage de l'homme et le rendre faible comme un petit enfant. L'Alsacienne, qui venait visiter les Mobiles de Lyon sur leur couche de douleur, réunissait à la bonté native la beauté d'une de ces jolies madones idéales que l'on retrouve dans les vieux missels ; sa figure un peu pâle, éclairée par deux yeux d'un bleu mystique, comme un reflet radieux du ciel, était nimbée d'une chevelure d'or clair se perdant dans des gris très fins, semblant une fumée d'encens. Elle ne paraissait pas fortunée; aucun bijou ne relevait la couleur sombre de la modeste robe dont elle était revêtue et elle s'excusait humblement auprès des malades de ne leur appor- ter qu'un peu de lait, quelques œufs frais, quelques brins de verdure, des fleurs des champs ; mais combien les pau- vres Mobiles lui étaient reconnaissants de ses visites, des soins qu'elle leur prodiguait avec tant de bonté ; dans leur abandon, ils la considéraient comme une mère, une sœur aînée; elle savait si bien donner à ces braves cœurs l'illu- sion de la famille absente ! Jusqu'au jour, où ils purent se glisser dans les rangs d'un détachement de convalescents qui se dirigeait sur Lyon, les malades de l'ambulance de l'Espérance recurent la visite quotidienne de leur chère Alsacienne et plusieurs d'entre eux, qu'elle avait su consoler par ses paroles d'encourage- ment et d'espoir, dont elle avait pansé les blessures de ses blanches mains si délicatement douces et adroites, durent leur prompte guérison à son dévouement et à son ingénieuse charité. Elle n'avait que quelques mots, de consolation à leur offrir, la chère infirmière ; mais du moins, ses bonnes paroles allaient au cœur, comme un parfum du foyer mater- nel, comme le sourire, le baiser de la mère qui attendait