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L'AMBULANCIÈRE ALSACIENNE 209 ou ties brancards, leurs camarades incapables de marcher, avait été bientôt tranché. Ordre ava:t été donné parla place;- de transporter aux ambulances de la ville de Belfort tous les blessés et les malades, dont l'état de santé ne permettait pas de suivre la colonne à pied.Il avait fallu s'incliner et les larmes aux yeux, les Mobiles lyonnais s'étaient séparés de leurs amis, non cependant sans s'être assurés qu'ils ne manqueraient de rien, dans la mesure du possible toutefois. Plusieurs, malgré la disette d'argent, avaient voulu partager avec les malades les quelques sous que la longueur du siège leur avait laissés en poche; tous voulurent donner quelque chose aux camarades dont on les séparait : on en vit un s'excuser de n'avoir rien à donner, depuis de longs jours étant sans argent lui-même et forcer l'un des blessés d'ac- cepter son capuchon, le seul objet un peu convenable qui lui restait ; les hommes d'une escouade allèrent jusqu'à se cotiser pour acheter, nous ne savons vraiment où, une vieille médaille militaire qu'ils vinrent épingler aux rideaux d'ambulance de leur caporal, un mobile du Rhône, qui, lors de l'un des nombreux combats où s'illustrèrent ces jeunes héros, s'était conduit en brave et avait été porté par Denfert sur la liste des défenseurs de Belfort à proposer au Gouvernement pour la décoration. C'était touchant, et, de la part de ces enfants qui venaient de tenir tête aux vieilles troupes aguerries de l'Allemagne, ce sacrifice de leur petit avoir pour le camarade délaissé, cet oubli de leur propre détresse pour ne songer qu'au pauvre blessé,j étaient non seulement dignes d'admiration, mais encore sublimes. Le 18 février 1871, à midi, la dernière colonne des troupes de la garnison de Belfort, commandée par le colonel Denfert, quittait la ville, et, quelques heures après, les N ° 3. — Septembre 1897. 14.