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ANTOINE DU VERDIER 115 ment rassemblé une très riche bibliothèque ( i ) . Il habitait Lyon, une des plus grandes usines à livres du monde, et les foires célèbres de cette ville lui donnaient la facilité d'y voir et d'y interroger les libraires qui venaient là s'appro- visionner ou vendre leurs propres livres. L'idée devait donc venir assez naturellement à du Verdier de tenter pour la librairie française ce que Gesner avait fait pour la langue latine. Depuis plus de cent ans qu'on imprimait des livres français, une multitude d'écrits, disparus de la circulation, et réfugiés dans quelques collections, étaient à peu près ignorés du public. Rien n'était plus utile que d'en faire le catalogue ; c'était même une entreprise attrayante pour un amoureux du livre, et enfin elle promettait d'être lucrative. Du Verdier travailla sept ans à l'exécution de son dessein, visitant les boutiques des libraires, s'informant des ouvrages en cours d'impression, entreprenant des voyages pour visiter les bibliothèques connues. Il avait fait de son livre un plan ou projet qu'il communiqua à Joseph Scaliger, qu'il envoya à une infinité d'érudits, et dont il « abreuva » les libraires de Paris; il demandait à tous des lumières, des corrections, des renseignements exacts, et prenait d'ailleurs ses précau- tions pour n'être pas trompé par des catalogues de fan- taisie (2). L'ouvrage, achevé d'imprimer le 15 décembre 1584, parut à Lyon, chez Barthélémy Honorât, en 1585, énorme volume in-folio accompagné de son escorte obligée d'éloges en français, en latin et même en grec, que l'obligeance de ses (1) Supplementum Biblioth. Gesncriana, dans l'Avis au lecteur; Scaligeriana, 1669, p. 337 ; Isaaci Casauboni Epistola, p. 736. (2) Bibliothèque, articles François de La Croix du Maine et Pierre Paschal.