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                              EN 1793                    I07

   Les sentiments du peuple ne sont pas différents de ceux
de ses mandataires. Le 30 juillet les Lyonnais assiégés
envoient une adresse aux soldats de l'armée de Kellermann :
«... Nous, des rebelles, disent-ils; mais on ne voit flotter
chez nous que le drapeau tricolore ; la cocarde blanche,
 symbole de la rébellion, n'a jamais paru dans nos murs.
Nous, des royalistes ? Mais les cris de : Vive la République!
se font entendre de toute part, et, par un mouvement spon-
tané, dans la séance du 2 juillet, nous avons tous prêté le
serment de courir sus à quiconque proposerait un roi...
Vos représentants vous disent que nous sommes des con-
tre-révolutionnaires; et nous avons accepté la Constitution.
Ils vous disent que nous protégeons les émigrés, et nous
leur avons offert de leur livrer tous ceux qu'ils pourraient
nous indiquer... ( r ) » « Non, répondent encore les Lyon-
nais à une sommation des représentants, non, nos portes
ne vous seront point ouvertes; et, si vous aimez votre
patrie, marchez contre ses vrais ennemis ; vous nous ver-;
rez bientôt nous réunir à vous pour les combattre. »
    Mais, puisque c'étaient là les sentiments que manifestait
le peuple de Lyon, pourquoi alors des apprêts de guerre ?
Pourquoi les fureurs sans nom déployées contre la malheu-
 reuse cité ? Pourquoi Dubois-Crancé peut-il écrire à la
 Convention le 24 août, après une nuit de bombardement
 général : «... Un tiers de la ville est déjà la proie des
 flammes... Tout a sauté... et cet incendie nous a donné
 un spectacle que le Vésuve et l'Etna n'ont jamais présenté
 aux mortels... »
    C'est que, le 16 juillet 1793, dans la soirée, Joseph:
 Ghâlier convaincu des crimes dont il était accusé, et

  (1) Taine, t. III, p. 50.