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66                     HENRI HIGNARD

partout irrités de ce que l'autorité ecclésiastique s'inquiète,
à bien juste raison cependant, de renseignement philoso-
phique ou historique. De là des plaintes, des calomnies,
des complots. Presque partout il y a deux partis, et dans
plusieurs localités la position est difficilement tenable. Pour
moi mon choix est tout fait ; j'ai assez appris à connaître
nos philosophes pour ne plus hésiter quand il s'agira de
leurs querelles; je sais qui je dois servir, si tant est que je
puisse servir quelqu'un, et c'est pourquoi je serais si joyeux
de me trouver d'abord auprès d'un archevêque dont j'aime-
rais la personne et dont je pourrais espérer la bienveillance.
Vous voyez donc, mes chers parents, qu'avec la grâce de
Dieu, nous pouvons espérer pour cette année ce que nous
désirons tant. Je ne veux plus y penser, de peur que la
joie ne me trouble la tête, et ne m'empêche de travailler.
   C'est lundi que nous commençons nos classes. Mais il
paraît que nous ferons d'abord la troisième, puis la seconde,
puis enfin la rhétorique ; ce qui durera bien longtemps.
Aujourd'hui, et dans deux heures, nous allons rendre visite
aux professeurs que nous remplaçons. Je serais bien content
si cette épreuve réussissait; mais après tout si elle échouait,
je n'en serais pas trop triste, parce ce qu'elle a peu d'im-
portance. Ce qui va être singulier, c'est que j'aurai dans
ma classe à Louis-le-Grand, Songeon, M. de Prandièfe, le 2US;
Dotneck et Lescœurs. Il est un peu difficile de professer
devant un auditoire semblable; car si Songeon et Lescœurs
ne sont pas mes supérieurs, ils sont au moins mes égaux.
C'est une chose curieuse de penser que bientôt j'aurai le
droit et le devoir de les punir s'ils ne sont pas dans l'ordre ;
mais je suis bien sûr qu'ils m'en épargneront le chagrin;
au contraire, je compte sur eux pour donner à la classe une
attitude grave et attentive. Je serai bien embarrassé pour