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ANTOINE DU VERDIER II manie de l'époque, l'anagramme de son nom, et il y trouve Tard ennuie de voir ( i ) , la devise d'un homme pressé d'apprendre, qui trouve les heures bien insuffisantes à son impatience de tout lire et de tout savoir. Aussi ne néglige-t-il aucune occasion d'étendre s: r con- naissances et de grossir ses portefeuilles. En 1585, du Verdier est à Toulouse pour un procès qu'il a devant le Parlement de Languedoc ; il emploie ses trop longs loisirs à entendre plaider les avocats et prononcer les arrêts, il recueille sur-le-champ en ses tablettes le sommaire des plaidoiries, et, rentré chez lui t les écrit plus amplement à tête reposée (2). Faisant un voyage à Paris avec le cordelier Panigarole, cousin du célèbre prédicateur François Pani- garole, il s'instruit dans sa docte conversation (3). Dans toutes les villes où passe du Verdier, il achète des livres ou des manuscrits, copie les inscriptions curieuses, visite les bibliothèques des amateurs, prend des extraits, empile notes sur notes et remplit de gros cahiers. C'est presque uniquement par le goût de du Verdier pour l'érudition et les lettres, que nous connaissons ses voyages. Cet amour de l'étude, de la science et des livres sera le fait dominant de sa vie, sa consolation dans les dures épreuves qui ne lui seront pas épargnées. La préface de la Bibliothèque est un long panégyrique des lettres, auquel une forte conviction communique delà chaleur et une certaine éloquence : « Celles-cy sont, dit-il, les vrayes et perma- nentes richesses de l'homme, les biens qui jamais n'appe- (1) Ou de voir tard ennuie, ou encore tard ennuie de voir; Du Verdier signe souvent ses écrits par son anagramme. (2) Diverses Leçons, liv. VII, chap. vi. (5) Ibid., livre VII, chap. xi.