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408                      BIBLIOGRAPHIE.
«  Cependant, de nos jours, plus d'un poète a su se faire un nom
«  en écrivant dans la langue vulgaire de son pays, et, pour n'en
«  citer que quelques-uns, nous rappellerons que le succès et la
«  gloire ont consacré les noms de Jasmin, de Mistral et de
«  Roumanille. »
   Oui, certes, nous comprenons que ces braves ménestrels d'au-
jourd'hui aient voulu chanter dans ce langage pittoresque, in-
génu, souriant, que leurs mères murmuraient près de leur ber-
ceau ! C'est aussi par un sentiment plein d'affection pour leur
localité qu'ils ont conservé cette simple forme originale, tout
imprégnée de saveur primitive, qui ressemble à un écho des âges
les plus charmants, où la langue française se bégayait avec
amour, où ses gazouillements n'étaient point sans attraits, sem-
blables à des chants d'oiseaux annonçant l'aurore, cette belle au-
 rore de la pléiade poétique !
   Il ne faut rien dédaigner dans le monde de la pensée et de son
 expression mélodieuse. C'est ce qu'a prouve M. Jules Saint-Rémy
en glorifiant les bardes populaires. Je le sais grand admirateur
 de nos grands poètes. Que de fois, par exemple, nous avons parlé
ensemble des œuvres ravissantes de Joséphin Soulary , dont il
savoure les si be?ux sonnets avec tant de*jdélices !
   Mais la nature s'est plue à placer un petit bouvreuil, un gentil
chardonneret sous le même ciel que le divin rossignol au timbre
éclatant... Est-ce une raison pour mépriser le modeste bouvreuil
ou son mignon camarade? Parce que vous aurez entendu un il-
lustre virtuose, ne voudrez-vous pas écouter l'agreste cantilène
du pâtre de la montagne ?... Chaque chose a son mérite ici-bas;
chaque langage , lorsqu'il est parlé ou écrit avec pureté, avec la
grâce qui lui est propre, doit être apprécié des auditeurs ou de
ceux qui lisent.
   M. Jules Saint-Rémy nous présente d'abord Roch Grivel, un
tisserand de la ville de Crest, auteur de plusieurs comédies pa-
toises et en vers, ainsi que de diverses pièces charmantes, sans
compter qu'il chante aussi très-bien quand il lui plait, en em-
ployant le rhythme de notre poésie française.
   Puis viennent à leur tour dans cette intéressante galerie :