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130 L'ÉGLISE DE LALOUVESC, mais ces arcs avaient l'espace pour se développer. Que devons-nous dire de ceux qui s'ouvrent sous les tribunes du transsept et de l'abside ? Deux supports trapus taillés en fats de colonne leur servent de point d'appui et, ce- pendant, telle est l'entente de toutes ces parties d'archi- tecture entre elles, leur corrélation avec l'ordonnance générale de cet intérieur du sanctuaire, que pas une note dissonnante ne se produit dans cet ensemble, où le parti- pris de la massivité est un contraste nécessaire pour que les grandes lignes paraissent réellement élancées. Pénétrons un instant sous les voûtes des bras de croix ; et à ceux qui aiment à retrouver ces constructions franches, où la pierre apparaît vierge de tout enduit et de tout badigeon,, nous recommandons spécialement l'ins- pection attentive de cette partie de l'édifice. Plus que jamais, nous pouvons affirmer que de toutes les séduc- tions de l'architecture, celle d'un savant appareil que l'oeil peut suivre sans peine, n'est pas la moins attachante. On aime à trouver dans un monument ce qui en constitue pour ainsi dire l'anatomie et en quelque sorte les articu- lations. Ces joints de pierre, en effet, animent et décorent les surfaces lisses, donnent de la couleur et du mouve- ment à la construction tout entière. Loin de nous ces bâtisses insipides, où les joints, stupidement obstrués, font apparaître l'œuvre de l'architecte comme si elle était tout d'une pièce et coulée à l'aide du plâtre ou du ciment. L'appareil granitique qui décore intérieurement le transsept de l'église de Lalouvesc ne saurait être res- pecté trop scrupuleusement ; c'est une page d'une couleur énergique, un ton local de force et de puissance, qui est rappelé dans chaque détail de cette robuste construction. La petite fenêtre géminée qui éclaire cet intérieur du