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                   UNE VISITE A L'EXPOSITION.                   248

   Un tabkau de femme Eue et éelievelée, suspendue par deux
chaînes de fer à un rocher, sur le bord de la mer écumante, at-
tire le regard, par fon langage saisissant d'effroi, car une bonne
peinture parle, et celle-ci est signée par Gustave Doré. Pauvre
Andromède! un monstre s'avance, et personne ! personne pour
te sauver! Persée arrivera-t-il à temps? Oh? de grâce, regardons
encore les fleurs.
   Un magnifique portrait de Litz, par un Dauphinois, Layraud,
qui vient de remporter le grand prix de Rome. Litz est superbe
de fierté digne ; voilà l'artiste, le musicien qui a la conscience de
sa valeur ; il médite, il est vivant, A côté : Mort de François l"r,
jolie toile très-finie.
  Dans la deuxième salle, j'ai vu encore de ravissantes fleurs :
deux tableaux de Castex-Dégrange : Un buisson de roses trémiè-
rcs, d'une grâce infinie, dans un grand vase, devant un rideau
rouge admirablement jeté. L'autre toile de ce peintre est non
moins belle. Ce sont des roses et d'autres fleurs exquises,
dans un vase également posé sur une table recouverte d'un tapis
que vous jureriez être en beau velours bleu. Le fond est d'une
extrême douceur et il est lumineux en même temps. Tout cela
a un riche et joyeux reflet, et un cachet original tout à la ibis.
Les fleurs doivent être fières d'avoir pareils portraitistes à Lyon.
Ah! les coquettes!
   Je cherche en vain Reignier ; où donc est-il, avec son pinceau
si fin, si franc et si vrai? et Maisiat? et Perrachon? et Chenu,
le peintre des froids horizons ? Ah ! voici Guy et ses animaux qui
bougent et qui respirent. Vont-ils sortir du cadre?
   Je citerai un Chat angora, sortant, lui, de sa chattière, coquin,
effronté, comme s'il était en chair et en os ; c'est un petit chef-
d'œuvre. Deus tableaux d'intérieur de Bail. La Jeune commu-
niante et V Etameur devant les femmes d'un village : deux perles
de naïveté et de perfection. Au-dessus est une belle vue du
Canal Saint-Louis, de Marseille, par Ponthus-Cinier, l'habi'.c
paysagiste. On remarque aussi Deux jeunes servantes blondes et
gentilles, réveillées par une affreuse mégère qui tient un bâton et