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                     WOTÎCE SUR M. L'ABBÉ JOUVE.                          393

ses plus curieuses brochures, il en est une sur la Basilique de
Saint-Pierre, dont il critique avec une souveraine indépendance
d'opinion les prétendues beautés (1); il y professe pour Michel-
Ange, Raphaël et tout le siècle de Léon X des sentiments aussi
peu sympathiques que MM. Rio, de Montalembert et ceux des
écrivains de l'école gothique qui sont allés le plus loin en fait
d'antipathie pour les arls et les artistes du rvi e siècle.
   Toutefois, même dans ses théories esthétiques les plus abso-
lues, M. le chanoine Jouve était bien loin d'être exclusif; s'il
était choqué des crudités classiques et de l'engouement que ren-
contra le réveil du paganisme dans les arts, il n'était point injuste
à l'égard des créations de l'époque, et savait apprécier tout
ce qui est véritablement grand. lia consacré dans sa Statistique
monumentale des articles élogieux aux Nouvelles prisons, à la
Gare, et à la grande Caserne de Valence, tout aussi bien qu'à la
Maison des Fêtes et au Pendentif. Mais ses préférences étaient
connues.
   Avant qu'une Société archéologique eût été fondée à Valence
pour le département de la Drôme, M. le chanoiue Jouve en rem-
plissait déjà le rôle et les fonctions, étudiant et sigaalant nos
monuments, compulsant nos bibliothèques et nos archives, re-
cherchant et publiant les titres de notre passé. Son ardente

  (1) Il répondait à M. Elwart, qui l'avait qualifié d'iconoclaste, en lui po-
sant quelques questions insidieuses relativement à la basilique de Saint-
Pierre : « Et moi. je vous répondrai à mon tour si vous rêvez en me
« faisant de pareilles questions, à moi qui ai rendu, comme je viens de
« vous le rappeler, une si impartiale justice à la beauté relative de la ba-
« si'ique de Saint-Pierre, et de tant d'autres œuvres d'art dont vous me
« supposez desobligeamment le moderne iconoclaste ? Toutefois, vous me
« pcrmetlrez de vous faire observer en passant que je ne dirai point parmi
« les architectes, mais simplement parmi les hommes de goût, vous êtes
• le seul qui tombiez en admiration devant ce que vous appelez les mit-
« gnifiques portiques de Saint-Pierre, qui ne sauraient être que la façade
« de cette basilique, condamnée unanimement, même par les classiques,
« comme un des plus tristes produits de l'art qu'il soit possible de rencon-
« trer. » (Vtlnivers musical du 20 avril 1860).