Revue du Lyonnais » série 3 - n°14 ( 1872 ) » pp.292

292               ON AMOUR MALHEUREUX.

Un riche agriculteur doit parler à mon père,
A l'amour de son fils je voudrais me soustraire,
Car je vous aime, vous... Où portez-vous vos pas?
En aurais-je trop dit ?... Vous ne répondez pas ?...
                         RAIMOND.

Ainsi, vous voulez donc devenir ma compagne ?
Vous me suivrez?
                            BERTHE.

                 Partout.
                         RAIMOND.

                         Même dans la montagne
Dans des pays lointains? à la guerre? en tous lieux?
                         BERTHE.
Partout.
                         RAIMOND.

         Faites serment à la face des cieux
De ne trahir jamais cette sainte promesse.
Je reviendrai bientôt, Berthe, mais le temps presse.
Mes chevaux sont non loin ; avant de vous revoir
J'avais tout préparé. Nous partirons ce soir.

                            BERTHE.

(Je soir? Qu'avez-vous dit?Raimond, serait-ce un songe ?
Dans quel étonnement votre discours me plonge !
Où vous suivre, grand Dieu ! Vous ne vous raillez pas ?
Sans être à vous, Raimond, me jeter dans vos bras ?
Laissez ! moi qui croyais, hélas ! à votre estime !
Retirez-vous, Raimond, je repousse le crime ;
 Je ne vous verrai plus ; entre nous, tout est dit ;
Votre voix dans mon cœur a perdu son crédit.

                         RAIMOND.

Berthe, je veux vous faire une autre confidence.
Savez-vous qui je suis ?