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HISTOIRE DU CHATEAU DE VAREY. 209 petite garnison contemplait autour d'elle du haut des remparts de Varey. Et cependant, rien ne put ébranler celte poignée de héros. Fermes sous les yeux de leur châtelaine, animés de son souffle et de son esprit, les vassaux attendirent l'at- taque. Les soldats de Biron s'approchèrent, insatiables de sang et de pillage ; mais vainement ils firent sommation, vainement ils donnèrent l'assaut. Les murailles étaient trop fières pour se laisser emporter par un coup de main. Les troupes déconcertées se demandèrent s'il fallait en venir a un siège régulier ? Le temps pressait, les assiégeants n'avaient que de fai- bles provisions, la plaine désolée offrait peu de ressources, et la faim se faisait sentir plus encore en dehors du château qu'en dedans, Alors Renée eut une inspiration de génie. Elle prit ce qui restait de sa farine et de son blé, fit faire des pains qu'elle fit jeter tout chauds pardessus les remparts, disent les uns ; qu'elle envoya courtoisement aux officiers, disent les autres ; quoi qu'il en soit, la ruse réus- sit; et l'armée affamée, désespérant d'emporter une cita- delle si bien défendue, et si bien approvisionnée, leva le siège et courut a des conquêtes moins difficiles. Renée fut saluée par la garnison comme une libératrice, une héroï- ne. L'histoire lui conservera ce nom. Le baron Raverat n'oublie pas ce trait dans ses Fallées du Bugey. Voici comment il le rapporte : « . . . Le château était mal approvisionné ; la garnison ne se composait que de quelques vassaux, commandés par une femme , la dame Sébastienne de la Chambre, veuve du comte de Brandis. Cette héroïne opposa néan- moins une si vigoureuse résistance que, las de canonner la place, Biron se borna à l'investir, pensant la réduire par la famine. Mais bien que presque au dépourvu de vi-