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 16          SOCIÉTÉS PROTECTRICES DE i/ENFANCE.

   vidu n'est rien, n'a aucune valeur          là où la femme
   n'est rien, il n'y a pas de mère, et là où il n'y a pas de
   mère, il n'y a pas d'homme. »
   A cela les naturalistes répondent : « Que le canard qui a
 « été couvé par une poule et se jette à l'eau , en sortant de
 « la coquille, nage sans avoir rien appris de sa mère et de
 « l'expérience. » (1)
   Cette remarque aurait dû les convaincre de l'extrême
différence qui existe entre l'homme et l'animal; à défaut
d'esprit d'observation, la statistique peut leur apprendre,
que le nombre des décès et le progrès de l'immoralité sont
en raison de la séparation des enfants de leur famille.
   La nature, dit Hippocrate, fait tout sans avoir rien ap-
pris, il n'en est pas de même de l'activité intellectuelle et
 de l'activité morale.
   Celles-ci exigent une culture spéciale, mais si le milieu
 social où l'enfant est placé ne les fait pas valoir, l'activité
intellectuelle dévie, l'activité morale reste en arrière et les
instincts de l'animalité se déploient sans trouver de résis-
 tance. C'est là la source de ce faux libéralisme qui mène
maintenant la société.
   Les événements dont la France vient d'être victime peu-
 vent servir à justifier cette assertion.
   Les Parisiens, opprimés par le despotisme du luxe,sous
le poid d'un superflu qui les prive souvent du nécessaire,
croient se délivrer d'une servitude en éloignant leurs nou-
veau-nés du foyer domestique, en les plaçant à la campa-
gne chez une nourrice salariée dont ils ne connaissent, le
plus ordinairement, ni le caractère, ni la moralité.
   Cette funeste coutume a multiplié les bureaux de nour-
rices et donné un grand essor à cette industrie, illicite, con-
traire à l'hygiène et à la morale, à la famille et à la société;
elle jette dans le monde ces êtres isolés, incomplets, connus

  (1) M. Claude Bernard, discours de réception à l'Académie fran-
çaise.