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126               L'ÉGLISE DE LALOUVESC.

où la bizarrerie l'emporte sur une esthétique raisonnée.
Ici rien de semblable. On dirait qu'un souffle inspirateur
des chefs-d'œuvre de l'antiquité est venu animer cette
délicieuse composition sans lui rien faire perdre de son
parfum d'origine, ni de cette grâce naïve qui est particu-
lière aux édifices religieux de l'époque de transition ; car
c'est à cette source féconde, certainement, que notre ar-
chitecte a puisé. En effet, cette période de l'architecture
chrétienne, d'un règne trop court, nous a laissé dans ses
 monuments une mine inépuisable de modèles, où des
 mains, même inhabiles , ont pu glaner quelquefois avec
 honneur, mais où le véritable génie, nonveau Promé-
 thée, peut dérober à son profit le feu divin de la
 création.
   Une description détaillée et une vue graphique de
l'église de Lalouvesc en donneront certainement l'idéal,
mais ne sauraient reproduire le charme inhérent à la
réalité. Le dessin , c'est le portrait ; la construction,
c'est la vie du monument. Aussi, les quelques lignes que
nous consacrons à cette œuvre, auront-elles pour but de
provoquer une visite au pays même où elle a pris nais-
sance.
   Excursion de touristes, but pieux d'un pèlerinage vé-
néré, l'humble village de Lalouvesc présentera désormais
un attrait de plus ; et les admirateurs des beaux-arts ne
seront pas peu surpris de trouver dans cette agreste ré-
gion un petit édifice empreint d'un atticisme si pur.
   De belles assises de granit dessinent toutes les lignes
de la construction extérieure ; le caractère robuste de la
roche granitique convenait justement, d'ailleurs, à un
édifice bâti dans une contrée où la nature des matériaux
doit être en rapport avec l'aspect du pays et la rigueur
de la température hivernale. C'est dans ces conditions