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                      CHRONIQUE LOCALE

    Mignon obligée de danser à travers des œufs, l'aspirant aux mystères de
l'initiation, marchant aq milieu de barres de fer rougies ou de charbons ar-
dents, le chasseur de vipères cherchant sa proie, le touriste grimpant sur le
Vésuve au moment de l'éruption ne doivent avoir ni moins de vigilance, ni
moins d'inquiétude que le journaliste littéraire ayant à rendre compte d'un
événement politico-historique comme l'ouverture solennelle de notre expo-
sition.
    Ministre par-ci, maire par-là, monseigneur l'archevêque, le général, la
 paix, la confiance, la tranquillité, l'industrie, la république         , prenez
 garde aux Å“ufs, ne cassez rien ; allongez le pas. Sans moi, vous mettiez le
 pied sur un serpent ; sous cette fumée, n'y-a-il pas une bouche du cratère?
 ch! bien, monsieur, nous l'avons échappé belle.
    — Allons un peu de courage, ne tremblez pas.
    Et d'abord, il n'est qu'une voix pour proclamer la beauté et l'élégance du
 palais.
    Le plan est original, hardi, bien approprié. Onze galeries se succèdent
 depuis l'entrée du Parc jusqu'aux environs du pont du chemin de fer de
 Genève. La première, vaste, grandiose, contient les grandes machines et
 les moteurs. C'est la plus curieuse et la plus complète de l'Exposition. La
 seconde est destinée aux petites machines, aux métiers de tissage, aux fa-
 briquesde chocolat,aux machines à coudre; la troisième aux objets de chauf-
 fage ; la quatrième aux canons, aux armes, suivie naturellement des secours
 aux blessés, puis de la carrosserie ; la cinquième aux vins et aux produits
 chimiques, délicat rapprochement qui ressemble à une épigramme ; la
 sixième aux colonies françaises et aux produits alimentaires ; la septième
 à la céramique, l'ameublement , les cristaux; la huitième à la bijouterie
 et à l'horlogerie ; les oiseaux chanteurs, mieux que les chassepots, y font
 merveille; la neuvième qui attire une notable portion du public, aux
 beaux-arts, auxquels on a joint les filatures et les vêtements confection-
 nés ; la dixième aux tissus, c'est la partie brillante, celle qui fait éclater la
 gloire de Lyon et qui aurait donné à notre ville un reflet sans égal, si on
 avait imité le patriotisme de l'Alsace qui a envoyé ses plus beaux produits;
 la onzième enfin est destinée à l'enseignement; toutes ensemble couvrent
 une superficie de 42,340 mètres; les hangars agricoles terminent le monu-
 ment de ce côté et ne sont guère visités que par les hommes spéciaux.
    Après mille péripéties, après les plus cruelles épreuves , la vaste entre-
 prise a pu être enfin inaugurée le 7 juillet.
    Dès la veille, la ville s'agitait comme une ruche au printemps, et après