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                           LETTUE I:NF,DSTK.                          :)-}<)

Ils vous diront 'que les amateurs préféreront toujours les originaux ;
est-ce aux amateurs qu'il faut les offrir ? mais où se tiennent les ama-
teurs ? ïl faudrait les connaître et quant à moi j'avoue que je ne sais
pas où les prendre. Je connais bisn une foule de gens qui me deman-
dent des dessins, mais c'est toujours avec la condition tacite qu'ils ne
les payeront pas. Que faire donc, pour ce jeune homme? Je voulais
l'adresser à Brascassat, mais il vient de partir pour l'Italie afin de
chercher â remettre sa santé, très-compromise. Le meilleur conseil
que j'ai pu lui donner a donc été de se mettre à travailler. Je lui ai
offert un coin de mon atelier, dont au reste il n'a pas fait usage, et je
lai ai fait donner une carte d'élève pour étudier dans les musées
royaux, c'est là qu'il pourra consulter les véritables maîtres, élargir
sa manière et enfin compléter ce que vous avez si bien commencé.
Je sais bien que dans ce moment il y a une place à prendre parmi les
peintres d'animaux, il y en a peu relativement aux. autres genre* •.
mais aussi il y a moins d'amateurs de bergeries, où ils recrutent leur
 collection parmi les anciens, et ils ne sont pas trop blâmables, bref
 c'est un genre peu lait pour gagner de l'argent, à moins qu'on ne se
lance dans la décoration des cafés, mais encore faut-il être connu, et
 être très-habile, et après tout ce n'est pas de l'art, ou du moins ce
 n'est pas l'art que recherche notre jeune homme ; il dit bien qu'il fe-
rait deux parts de son temps, l'une consacrée au travail de la vie ma-
 térielle, l'autre à l'étude de l'art, mais tout cela est bien difficile à
 concilier. Aussi bien heureux celui qui est sans ambition et qui reste
 dans son village auprès des gens qu'il aime et qui l'aiment. Plus d'une
 fois je me demande ce que je suis venu faire à Paris, et où me mènera
 cette vie solitaire que je passe? Malheureusement il est trop tard pour
 y renoncer, puisque tantôt par-ci, tantôt pac-là, j'accroche quelques
 travaux ; mais que de peine il faut se donner pour cela, et que de
 sonnettes il faut agiter, que de genres différents il faut aborder, et par
  conséquent que d'apprentissages à faire ! Ne me suis-je pas vu pour
  ainsi dire forcé de faire de l'can-forle, je n'en avais fait que bien peu
  d'essais, c'est égal. Je me suis mis à vernir des cuivres, à gratter, a
 tailler, à faire mordre, et enfin je suis accouché de 30 vignettes pour
 un livre de contes en vers; mais c'est à peine si j'ose avouer ces en-
  fants, car il faut vous dire que les sujets sont tous un peu égrillards.
  Comme je pense que vous collectionnez toujours, je vous mettrai de
  côté quelques épreuves si j'en puis réunir de passables et je TOUS les
  enverrai par M. Callandrin en vous priant de m'excuser d'avoir com-