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330                        LETTRE INÉDITE.
mis ces plaisanteries, moi hommes sérieux et travaillant pour l'Eglise.
    J'ai engagé M. Ballandrin à faire quelque copie bien soignée d'après
Paul Potter ou Karel Dujardin, ce serait d'abord une excellente étude,
 et puis il trouverait peut-être à placer ces copies chez des marchands-
qui envoient en province, mais tout ça est peu payé.
    Je vous enverrai entmêmetempsunde ces contes écrit delà main de
l'auteur, qui est un M. de Chevigné, Champenois très-riche. C'est là
un de ses titres littéraires. Enfin voyez ce que c'est que notre siècle
et notre société, je n'avais pas fini ces malheureux contes, qui com-
mençaient à me faire mal aux yeux, à cause du travail de la loupe, et
à la poitrine, à cause de l'acide nitrique, qu'il me vient à faire pour
la ville de Paris, un énorme Christ, destiné à une église de Paris. Au-
tre apprentissage, car c'est de la peinture sur lave de Valvie qu'on
demande. On ne s'informe pas si j'ai la pratique de cette peinture qui
du reste est encore à ses commencements, si bien que j'ai l'honneur
d'être, je crois, le premier qui ait fait quelque chose d'un peu consi-
dérable en ce genre. Vous saurez que cette peinture ressemble un peu
à celle de la porcelaine : on peint sur des pierres émaillées, et l'on
 fait cuire sa peinture deux et trois fois, si bien que vous obtenez un
résultat que rien ne peut altérer, ni l'air, ni le soleil, ni l'humidité,
ni le salpêtre ; tant mieux si votre peinture est bonne, car elle durera
 longtemps ; elle peut même durer plus que l'édifice, car comme l'on
peint sur une surface composée de plusieurs morceaux ajoutés les
 uns aux autres, on peut démonter votre tableau, si le monument se
 trouve sur l'alignement d'une nouvelle rue ou d'un chemin de fer, et
 le remonter pièce à pièce comme ces jeux de patience. J'ai donc fait
 un Christ sur fond d'or à l'imitation des mozaïques byzantines. l'Uni-
 vers religieux a dit que c'était un Jupiter Olympien, mais je vous as-
 sure que le prêtre qui a écrit ça, car c'est signé Un prêtre de Saint-
 Nicolas, n'a jamais vu ni Jupiter Olympien, ni Christ Byzantin. Je me
 suis rapproché autant que j'ai pu de mes modèles, sans être Barbare,
 j'en ai pris la gravité ; j'y ai mis de la douceur ; et enfin ça n'a rien
 du Jupiter Olympien, à moins que je ne m'abuse étrangement, et que
 ceux à qui je reconnais pouvoir de juger de semblables matières,
 n'aient pris plaisir à me laisser dans mon erreur. Enfin l'autorité pa-
  raît ne s'être pas laissé influencer par cette critique, car immédiate-
 ment après, le préfet de la Seine m'a donné quelque autre chose â
faire dans une église que l'on achève et qui est dédiée à Saint-Vincent
 de Paule ou Paul (comme vous voudrez). On doit y faire aussi de la