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                   LA PLACE DU CONSULAT.                     283

guées ridiculement. Quand on voit les gens que l'on pose
ainsi sur un piédestal, tels que Billault, Morny, etc., on
reconnaît bientôt que cette récompense a peu de valeur et
devient simplement un ornement de place publique.
   Un jour que je me promenais solitairement au Parc,
en juillet 1869, sous l'influence agréable d'observations
pittoresques, j'aperçus tout-à-coup dans l'île du lac un
piédestal qui ne supportait rien du tout, et je remarquai
bientôt qu'une statue aurait ajouté un charme de plus à
ce paysage. Je laissai donc de côté ma vieille rancune
contre l'illustre et acharné démolisseur de notre ville, et
le sentiment de l'artiste l'emporta sur les regrets de l'ar-
chéologue. Je re'solus donc de formuler en quelques vers
mes tendances pittoresques, et j'eus l'audace d'imiter
Horace, en me rappelant ces paroles du poète latin, se
promenant à Rome sur la voie sacrée et méditant quel-
que bonne satire :        "     .

     Ibam forte via sacra, sicut meus est mos,
     Nescio quid meditans nugarum totus Mis.
                                              (Sat. i, 9.)



   Un jour me promenant sous les arbres du Parc,
   Contre l'absurdité j'avais tendu mon arc,
   Et, donnant libre cours à ma verve railleuse,
   Je méditais sans bruit quelque épigramme affreuse.
   Solitaire et pensif, un peu dans l'idéal,
   Je m'étais arrêté devant un piédestal
   Qui me préoccupait, en offrant à ma vue
   Le singulier aspect d'un socle sans statue.
   Revenant aussitôt à la réalité,
   Je cherche à deviner quelle fatalité,
   Sur ledit piédestal, empêche la venue
   De celui qui donna son nom à l'avenue.