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284                         LA PLACE DU CONSULAT.
      J e d e m a n d e pourquoi le défunt sénateur,
      Même après son décès, n'est plus d o m i n a t e u r ?
      E t la foule répond qu'il serait trop é t r a n g e
      De voir prédominer u n quart d'agent de change ; (i)
      Mais je veux éviter de m e faire l'écho
      Des n o m b r e u s e s r u m e u r s d ' u n affreux c o n c e r t o .
      Je c o m p r e n d s q u ' o n p o u r r a i t m ' a c c u s e r d'injustice,
      Si j'allais répéter, sur le défunt Vaïsse,
      Les vulgaires cancans d o n t la malignité
      N ' e s t pas toujours d'accord avec la vérité.
      N o n : je veux simplement vous d é m o n t r e r qu'en France
      Un piédestal n'est pas de bien g r a n d e i m p o r t a n c e ,
      E t q u e , sans posséder u n e i m m e n s e valeur,
      On peut d'une statue accaparer l'honneur.
      Ainsi donc, u n instant, sur n o s places publiques
      S o u m e t t o n s les h é r o s au feu de nos critiques.

      Le Grand Louis q u a t o r z e , émule du soleil, (2)
      Brillant ainsi q u e lui d'un éclat sans pareil,
      Et d o m i n a n t chez nous à la p r e m i è r e place,
      N'était g r a n d cependant qu'à la simple surface.




   (1) Faire attention que ces vers ont été composés avant le 4 septembre 1870.
   Dans le procès intenté au journal La Marionnette par les héritiers,Vaïsse, ceux ci
 expliquèrent la grande fortune de leur parent en apprenant au tribunal qu'il avait été
 intéressé dans une charge d'agent do change.
   (2) La flatterie avait été portée si haut que Louis XIV était représenté sous l'em-
 blème du soleil, avec cette devise : Née pluribus impar. Plusieurs salles du château
de Versailles contiennent encore cette basse allégorie mythologique.
   Le P. Ménestrier, dans son Histoire de Louis-le-Grand par les médailles, emblè-
mes, devises, etc., s'exprime ainsi : « C'est avec raison que l'on a donné au roi, pour sa
 « devise, le soleil avec ces mois Nec pluribus impar, comme l'image la plus juste de
« son application à rendre ses sujets heureux de tant de manières différentes. P. EC. »
L'auteur donne ensuite la gravure d'une médaille frappée en 1662, qui représente le
soleil avec la susdite devise.
   La ville d'Arles ayant trouvé, en 1075, sous les ruines du cirque, un obélisqueégyp-
tien en granité, l'éleva devant son Hôtel-de-Ville, en le couvrant d'une longue inscrip-
tion latine, de laquelle j'extrais quelques mots: Ludovico magne                  virtutis
magniiudine ac beneficentia vero orbis gallici soli nec pluribus impar... (P. 63).
Ce nec pluribus impar signifiait que Louis XIV ressemblait au soleil qui à lui seul
égalait tous les astres.