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FRANÇOIS LEPAGE. 147 sans compensation. Sa réputation et son crédit en gran- dirent. Plusieurs de nos meilleures maisons d'éducation et bon nombre de familles lui demandèrent son enseigne- ment; son atelier, toujours plus fréquenté, devint un des premiers de la ville, et l'aisance arriva justement par le chemin qui devait amener la privation. Il serait difficile de dire combien de dessinateurs remar- quables se formèrent sous sa direction, et si l'on songe de quelle importance étaient alors pour la fabrique le goût et l'habileté des artistes créateurs de dessins, on sera tenté, non sans raison, d'attribuer au maître qui formait de tels élèves un peu de cette gloire sans rivale dont jouissait alors la première de nos industries lyonnaises. A côté de ces dessinateurs utiles qui donnaient la ri- chesse à la cité, se rencontrèrent des peintres dont le nom et les œuvres sont devenus célèbres. Gallet, si tôt et si tristement enlevé à la vie, dont la consciencieuse exac- titude à reproduire la nature annonçait un si profond observateur, Gallet tenait directement de Lepage les qualités hors ligne qui lui ont fait un nom. Saint-Jean, le peintre de fleurs le plus illustre de notre temps, chez lequel, avec la richesse de la composition, l'éclat du co- loris, on retrouve toujours une précieuse fermeté et une grande sûreté de dessin, Saint-Jean ne craignait pas à l'occasion de reconnaître et de proclamer la paternité de Lepage. Dans sa simplicité modeste, il avouait devoir à ce maître vénéré l'habileté de l'arrangement et la correc- tion du trait, mérite indispensable auquel ne sauraient sup- pléer ni la facilité la plus prodigieuse, ni même la puis- sance. Nous l'avons vu nous-même, dans tout l'éclat de la réputation, rendre cet hommage à son vieux profes- seur et le remercier avec effusion de l'avoir fait ce qu'il était.