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SOCIÉTÉS PROTECTBICES DE L'ENFANCE. 113 sur la France; cette erreur, en se propageant, a puissam- ment contribué à l'abaissement du caractère, au relâche- ment des liens de famille et à l'affaiblissement de l'esprit national. Pour élever l'homme à sa haute destinée, il ne suffit pas d'avoir un gouverneur pour lui apprendre à diriger son es- prit et régler ses passions, il faut préalablement développer le germe du bien. Or l'amour, le dévoûment, l'abnégation sont les forces morales tenues en réserve, pour cette tâche, dans le cœur de la femme jusqu'au moment où, devenue mère, elle acquiert spontanément l'énergie nécessaire pour achever son œuvre. Voyez cet enfant de race royale. Au premier jour de sa vie , l'étiquette de la cour exige qu'il soit confié à une nourrice, sous la direction d'une gouvernante entourée d'an certain nombre d'officiers et d'une multitude de va- lets. Cette méthode déplorable prive l'enfant destiné à être le père du peuple, de la source féconde des plus nobles sentiments, et le retient dans un milieu où l'ambition, la dissimulation, l'envie, la cupidité déploient leurs sourdes menées, toutes passions contraires à celles qu'eussent développées l'amour et le dévoûment de la mère. Plus heureux, l'enfant retenu sur les bras de la femme indigente peut sourire aux larmes de sa mère qui mendie son pain ; cet enfant est comme le fruit de l'arbre, son privilège à lui, comme le disait Mirabeau, est de mûrir sur la paille. Mais s'il sort d'une souche chrétienne, il réunira aux qualités de la mère, l'esprit de la doctrine ; animé de cette double vie, il combattra pour la justice, sou- tiendra la vérité et régnera sur les âmes. Si la puissante efficacité du dévoûment de la mère laisse des traces profondes ineffaçables, c'est que chez l'enfant à la mamelle, les sentiments précèdent l'in- telligence. Ces premières impressions font partie inté- grante de l'être, s'étendent, se prolongent sur toute la du-