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              LA. FAMILLE -VARENWE DE FEUILLE.              38

                      « Salut et fraternité.
            « Citoyen,
    « J'ai été arrêté à Bourg- le 12 octobre dernier, puis
transféré des prisons de Sainte-Claire au fort de Pierre-
Châtel, et de là à Ambournay, où je suis malade, sans
avoir pu, jusqu'ici, connaître quels ont été les motifs de
mon arrestation. Au moment où je fus arrêté, j'interpellai
le citoyen Boullon, officier municipal, de me montrer
l'ordre en vertu duquel il agissait. Il m'en montra un,
signé du citoyen Bassal, représentant du peuple, alors
dans le Jura. L'ordre portait les noms de quatre autres
détenus ; le mien ne s'y trouvait pas. Je demandai la per-
mission d'en faire une copie et je l'obtins. Elle était com-
mencée , lorsque, par réflexion, le citoyen Boullon m'ar-
racha l'original et me refusa toute communication d'ordre ;
je pris deux témoins de son refus, non compris le sieur
Nallet, gendarme, qui l'accompagnait, et, sans plus ample
discussion, je me rendis aux prisons de Sainte-Claire,
d'où je partis, deux heures après, pour Pierre-Châtel.
    « Je suis père de famille, j'ai soixante-trois ans accom-
plis ; constamment soumis aux lois et aux autorités cons-
tituées, je me suis sévèrement interdit, par délicatesse,
de paraître dans aucune assemblée publique, où ma qua-
lité d'ex-noble aurait pu me rendre suspect. Je me suis
 contenté de prêter les serments que les lois exigeaient.
    « L'agriculture, un peu de belles-lettres ont été ma
 principale occupation ; faire travailler des ouvriers, em-
 ployer des indigents ont été mes seuls délassements; et,
 peut-être la ville de Bourg m'a-t-eile quelque obligation d'a-
 voir contribué efficacement à corriger l'insalubrité de l'air
 qu'on y respirait. Tu t'en souviendras, citoyen représen-
 tant, sïl te reste quelque mémoire de l'ancien état de
 choses et que tu veuilles bien te transporter aux jar-