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14 LES FOUILLES DU MONT BËUVRAY. montagne, mais en nombre insuffisant pour constituer une ville véritable. Quelques marchands, appelés par le con- cours de la population, des artisans et des forgerons, avaient seuls établi leur demeure sur cette hauteur, et les débris de ces pauvres habitations des premiers âges nous montrent à quel faible degré de civilisation étaient par- venus les Gaulois du temps de l'indépendance et combien Cicéron avait raison de dire : Quoi de plus barbare que les oppidums gaulois? (1) « La Gaule, dit M. Bulliot, n'a pas connu les monu- ments qui supposent l'unité politique, les agglomérations compactes, des centres dans lesquels l'intelligence et la richesse suppléent même au nombre. L'absence d'art et de durée est le premier caractère de ses constructions militaires, civiles ou privées.» Et en effet, si nous retrou- vons encore dans les vieux remparts de Gergovie quel- ques traces de l'emploi de la chaux (2), il n'en n'est pas de même à Bibracte. Des toits de chaume et des murail- les sans assises, formées avec des poteaux de bois, reliés avec de la terre glaise, telle était l'habitation gauloise. Partout s'accuse l'insouciance des commodités les plus vulgaires. Ainsi les murs de refend sont presque toujours pleins et le seul mode d'accès entre deux pièces contigues est la porte du dehors. La voûte, d'un usage si fréquent dans les constructions romaines, était aussi complète- ment ignorée des Gaulois. Aussi ne faut-il pas s'étonner des faibles restes qui subsistent aujourd'hui de cette ar- (1) Quid oppidis ineultius? /'Discours sur les provinces consu- laires). (2) Ces traces de chaux sont très-visibles près de l'ancienne porte occidentale de Gergovie; mais quelques archéologues pensent néan- moins que cette partie des remparts a pu être rebâtie après la soumis slon de la Gaule à la domination romaine.