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6                          POÉSIE.




               Soldai         erv herhe
                         A mon neveu.


    Enfant, tu grandiras pour nous venger, peut-être !
    Déjà, dans tes beaux yeux, on lit ta jeune ardeur ;
    O toi, frais chérubin, sois heureux, petit être !..
    Mais s'il fallait, un jour, que le sang de ton cœur
    Fût versé pour la France, entends-tu, pour la France !
    Le nom de ton pays devrait tout dominer,
    Et ton premier amour, ta plus chère espérance,
    Devant ce nom sacré, n'auraient qu'à s'incliner ?


    Pierre, tu n'es encor qu'un preux en robe blanche,
    Oh ! l'on est courageux quoiqu'on soit né d'hier ;
    On porte hardiment le sabre sur la hanche,
    De jouer au soldat on est vraiment tout fier !
    Ami, c'est beau, c'est grand de rêver la vengeance,
    Quand elle est trois fois sainte ! O sentiment si fort !
    Avec sa noble voix il parle de la France !
    A ce suprême appel on bravera la mort ! —

    Je t'eusse souhaité des jours de paix charmante,
    Mignon, sans cet accent qui nous ferait pleurer...
    La patrie !.. Ah ! vois-tu, c'est la divine amante,
    Tu le sauras, plus tard, tu sauras l'adorer!
    Oui, que tes petits bras s'ouvrent déjà pour elle !
    Tressaille, enfant, tressaille à la voix du clairon !
    Répète, avec transport : La France est immortelle !
    Elle ne peut périr, non ! non ! mille fois non ! —

     Sois soldat pour l'honneur, mais aussi sois poète,
     Sache unir à l'épée un luth harmonieux !
     Que l'aimable Apollon, baisant ta jeune tête,
     Te donne, à tout jamais, un élan radieux !
     Que sur ta petite âme il verse l'ambroisie,