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                    ÉGLOGUES DF. VIRGILE.                 471

et qu'elle doit être bienvenue dans l'étude spéciale de cer-
tains passages-des poètes qui touchent à des problèmes
non seulement d'anatomie et de chirurgie, mais encore de
mœurs, de tempérament et de psychologie ; j'ose croire
qu'elle peut, mieux que tout autre , fournir de précieuses
lumières, et devenir un utile auxiliaire pour l'interprétation.
Je pourrais en administrer de nombreuses preuves; je me
bornerai a un seul exemple, emprunté a la 4e Eglogue de,
Virgile qui a donné lieu a tant de discussions et de commen-
taires et pour laquelle le monde lettré se partage en opinions
dissidentes. On sait que Virgile y célèbre la naissance- fu-
ture d'un enfant prédestiné qui devait régénérer le monde,
et, après avoir déployé en son honneur les magnificences
d'une poésie qui ne s'est jamais élevée plus haut, il termine
cette admirable bucolique par les quatre vers que voici :
    Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem :
    Matri longa decem tulerunt fastidia menses ;
    Incipe, parve puer! cui non risêre parentes
    Nec deushunc mensa, deanec dignata cubili est.

   On a donné de ces beaux vers une traduction classique
qui, à notre avis, a gâté le délicieux tableau tracé parle poète.
On me saura gré de choisir comme type celle du savant
éditeur de la Bibliothèque classique laline, de N. E. Lemaire :
« Commence, jeune enfant, à connaître une mère a son doux
sourire ; ta mère a supporté de longues souffrances durant
dix mois de langueur; commence donc à la connaître : l'en-
fanta qui n'ont pas daigné sourire les auteurs de ses jours,n'a
point mérité l'honneur de s'asseoir à la table d'un dieu ni
d'entrer au lit d'une déesse. » (Jppendix à la bibliothèque
citée, 1833.) Je neveux pas dissimuler que cette interpréta-
tion, en quelque sorte traditionnelle, a eu l'honneur de rallier
 es suffrages d'un grand nombre de traducteurs et de com-
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