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Ufcrologif. M. ETIENNE-CLAUDE BOUCLIER. Un poète jeune encore , qui s'était révélé il y a quelques mois par un gracieux volume de poésies, les Rayons du matin, M. Etienne-Claude Bouclier a été enlevé à sa famille et à ses amis , le vendredi 28 mai, sans que rien pût faire prévoir qu'il dût être si promptcmcnt, si su- bitement frappé. Deux jours auparavant, le mercredi soir, il avait lu à la Société littéraire une charmante pièce de vers vivement applaudie. Son talent élégant et pur se formait chaque jour, et déjà il se faisait remarquer dans cette pléiade de poètes dont notre ville a droit d'être fière. M. Bellin, dans quelques paroles pour aiusi dire improvisées sur sa tombe, a esquissé cette vie laborieuse et calme, où tout a été honorable et où les travaux de l'esprit s'alternaient avec les occupations du commerce et de l'industrie. Ce poète qui disait naguère encore : Qu'est de plus un point dans l'espace, Une feuille dans la forêt, Un jour dans le siècle qui passe, Une autre fleur dans le bosquet ? Qu'est de plus un flot sur la rive, Une plainte à l'âme captive, Un battement de notre cœur, Une étoile au beau ciel qui brille, Un fils dans la grande famille, Une voix qui se mêle au- chœur? Qu'importe au monde que je chante ? a été frappé sans avoir le temps de murmurer encore une fois ces vers douloureux : Quiconque croit au bonheur sur la terre Est le jouet d'une folle chimère, Partout il rencontre les pleurs. Tout son espoir est fonde sur du sable ; L'heureux du siècle avec le misérable Partage le poids des douleurs. Tout ce qui nait, flétri bientôt, retombe ; A chaque pas, partout s'ouvre la tombe, Qui se flatte d'être immortel ? Marié depuis peu, M. Bouclier n'a pas goûté longtemps le bonheur du ménage, et c'est un regret de plus ajouté à ceux qu'éprouvent ses amis. A. V. CHRONIQUE LOCALE. Les travaux d'exhaussement du quai Saint - Antoine sont terminés , on travaille à raccorder l'entrée des magasins avec le trottoir. Huit jours ont suffi pour faire les remblais et le pavage. La circulation n'a été inter- rompue pour les voitures que du 13 au 18 mai. — Le projet de créer une nouvelle et large rue des Terreaux à Bellecour prend un caractère sérieux ; les plans sont à l'étude et l'exécution ne sau- rait, tarder. —On a décoiffé l'ancien observatoire de Fourvièrc et les travaux d'abais- sement se poursuivent avec une sage lenteur. Aujourd'hui, le monument est parvenu à un degré satisfaisant de démolition, et nous faisons de? vœux pour qu'il ne descende pas jusqu'à la disparition.