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528 CHRONIQUE THÉÂTRALE.
Je ne sais d'ailleurs si mes souvenirs m'abusent, mais il me semble que
la littérature de ces dernières années nous a déjà brodé bien des varia-
tions sur ce thème un peu vieilli. Ce thème revient de page en page dans
les romans de M. Murger ; M. Arsène Houssaye ne s'en prive pas Ã
l'occasion.
M. Th. de Banville, le porte-lyre de la fantaisie lyrique, l'a modulée
dans ses ruines, et, tout réaliste qu'il est, M. Champfleury ne dédaigne
pas de l'étaler dans sa prose.
La manie contraire qui porte Philippe à se considérer comme la vic-
time de cette épouvantable fatalité qu'on appelle la jeunesse, ne laisse pas
d'être à la longue très-monotone. Qu'on en juge :
0 jeunesse ! âge heureux, âge de la victoire,
Dont notre siècle a fait un cas rédhibitoirc !
Tes prénoms étaient Force et Domination,
Aujourd'hui c'est Faiblesse, Obstacle, Exclusion.
Au nom du ciel, ma mère.
Fais grâce à ton enfant de ta sagesse amère ;
Les secrets de la vie à mon cœur sont mauvais ;
Ils ont désenchanté tout ce que je revais,
Ils ont découragé ma jeunesse d'éclore.
Est-ce pour m'accuscr de lui manquer de foi
Que ma jeunesse ainsi se. dresse devant moi ?
Hélas ! il est trop tard ; laisse-moi, doux fantôme !
Aux basses régions j'ai choisi mon royaume.
Ma jeunesse ? quand donc finira ma jeunesse ?
CYPRIENNE.
Tu veux répudier la foi de ta jeunesse ?
PHILIPPE.
La jeunesse, aujourd'hui, ma chère, où la prends-tu ?
C'est un mot.
CYPRIENNE.
Un beau mot qui veut dire vertu,
Désintéressement, courage, conscience.