page suivante »
LIS l'KKE DE LA CHAIZ1C. 504
Ce même historien a parfaitement compris la portée du r é -
sultat que se proposaient d'atteindre les chefs de la secte jansé-
nienne lorsqu'ils lancèrent en avant'l'audacieux et imprévoyant
génie de Pascal.
« Pour renverser, dit-il, la puissance ecclésiastique, il fallait
l'isoler en lui enlevant l'appui de cette phalange sacrée ( la
Compagnie de Jésus), qui s'était dévouée à la déiense du trône
pontifical (1). Telle fut la vrai cause de la haine qu'on voua Ã
cette Société. Les imprudences que commirent quelques uns de
ses membres, fournirent des armes pour combattre l'Ordre, et
la.guerre contre les Jésuites devint populaire...»
Autant que possible nous écartons, des nombreux témoignages
favorables sur ce point à ces religieux, tous ceux qui pourraient
être fournis par" leurs partisans. C'est surtout aux historiens de
la Réforme et aux philosophes que nous avons jugé utile de faire
des emprunts.
Les autorités que nous venons de citer ne sauraient, il nous
semble, être suspectes de partialité. Il est indubitable, au reste,
que l'accusation de morale relâchée, portée contre les Jésuites,
fondée uniquement sur quelques, fausses opinions de leurs
casuistes, aurait pu tout aussi bien s'appliquer, soit aux religieux
de Saint-Dominique et de Saint-François, soit aux docteurs de
Sorbonne, de Louvain et de Salainanque, soit enfin à d'autres
corporations religieuses qui se sont vouées à des études de
casuistique. Que les théologiens de ces différents Ordres aient
commis de graves erreurs , rien n'est plus certain , mais ce qui
n'est pas moins certain, c'est que les Jésuites, non plus que ces
différents Ordres, ne sauraient, en toute équité, être responsables
d'opinions individuelles, insérées dans des livres auxquels leurs
Provinciaux auront donné, peut-être sans les lire avec soin,
leur approbation.
Plusieurs de ces considérations n'ont point échappe à Voltaire
lorsqu'il a écrit les lignes suivantes :
« Le livre des Provinciales portait sur un fondement (aux. On
(I) Schœll. Cours d'Iiist. des Etais européens, t. XLIV, p. 7 1 .