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                 M. JORDAN DE CHASSAGNY.

  Allocution de M. Marc-Antoine Péricaud à la séance de la Société
                d'agriculture de Lyon, du 16 avril 1858.


   Nous avons à déplorer la perte récente de l'un de nos associés.
M. Edouard Jordan de Chassagny est décédé le 31 mars, avant
que sa 58e année fût révolue.
   Il appartenait, par son père , à cette famille Jordan , dont le
nom est inséparable de l'histoire glorieuse de notre cité ; et par
sa mère , il avait pour aïeul M. Dugas , seigneur de Chassagny,
qui avait su acquérir les biens de la fortune, la considération de
tous dans notre ancienne province, et des titres de noblesse.
   En 1842, M. Edouard Jordan coopéra, pour la meilleure part,
à la formation du comice agricole qui se composa des cantons de
Givors, de Saint-Genis-Laval, de Montant et de Condrieu. Il sa-
vait que , pour fournir à la ville des produits à un prix qui con-
cilie tous les intérêts , il fallait que l'agriculture procédât avec
prudenee et économie ; et que tout système est ruineux quand il
n'est pas combiné avec l'expérience. Il lui était aisé de donner la
leçon, il avait donné l'exemple dans ses domaines. Il avait fécondé
et converti en terre arable et en vignoble, un sol aride. Il avait
rendu plus quotidien, dans sa commune, l'usage salutaire d'un vin
qui n'était dénaturé par aucun artifice. Partout où sa main pas-
sait , elle répandait l'aisance et le bien-être sans faste et sans
bruit.
   Son esprit de modération avait soufflé dans le comice agricole.
Les primes furent réparties avec discernement. Il n'y eut ni par-
cimonie offensante , ni profusion blâmable. Dans une circons-
cription réduite à quatre cantons , il était aisé de reconnaître les
plus habiles qui avaient amélioré leur culture par la constance de
leur travail et par l'intelligence de leurs innovations. Aussi, ils
n'eurent point à se plaindre d'une méprise, et ils conservent en-
core aujourd'hui, comme leur plus douce récompense, le souvenir
du banquet fraternel où ils furent conviés, sans distinction de
table et de rang.
   C'est un pieux devoir pour notre patrie d'honorer la mémoire
des hommes qui, inspirés comme M. Jordan de Chassagny, par la
tradition des patriarches de nos livres saints, acceptent pour
bonheur en ce monde, la paix et la prospérité des champs.