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EXPOSITION DE 1 8 5 8 . 413 Je ne dirai rien de ses Chevaux emportés qui, comme le Shetland-Pony, fort mal étrillé mais bien peint, de M. Kiorboe, arrivent en droite ligne du salon de 18S7. Je louerai sa petite toile, Après Forage. Ses trois chevaux sont immobiles mais vi- vants ; ils sont très-naturellement groupés et finement faits. M. Paternostre ne recherche point, comme l'a fait Géricault, les coursiers se cabrant et caracolant sous un brillant guerrier ; il préfère ces bêtes fortes et patientes qui prennent la plus grande part des rudes travaux de l'homme et qui, trop souvent, sont mal récompensés de leurs services. Le Boulier est tout un petit drame ; cela parle au coeur. Trois chevaux traînent une lourde pierre ; le terrain est glissant, le timonier s'est abattu et le rou- lier le frappe brutalement pour le faire relever. Ici le peintre s'est inspiré du poète : Oh ! quelle est donc la loi formidable qui livre L'être à l'être, et la bête effarée à l'homme ivre ! L'animal éperdu ne peut plus faire un pas. Il sent l'ombre sur lui peser ; il ne sait pas, Sous le bloc qui l'écrase et le fouet qui l'assomme, Ce que lui veut la pierre et ce que lui veut l'homme. Le m o u v e m e n t du roulier est plein de v é r i t é , mais il y a d a n s la tête du cheval une expression de fureur trop prononcée ; l'effet en deviendrait plus saisissant si elle avait, ce qui serait plus réel, l'expression de la résignation bu de l'épouvante. Le cou est énorme et les jambes de devant pourraient être justement cri- tiquées. Une dernière querelle. Que fait, dans le fond de la scène, ce Christ vu de trois quarts ? Est-ce une allégorie?... J'aimerais mieux la statue du général Grammont. M. Courbet a attiré sur lui l'attention publique en tirant des coups de pistolet dans les Champs-Elysées ; M. Verlat a voulu renchérir sur M. Courbet ; il a débuté l'an dernier en tirant un coup de canon. Ce n'était pas autre chose en effet, que cette immense toile représentant aussi un roulier;, deux chevaux et un charriot, le tout de grandeur plus que naturelle. M. Verlat a laissé de côté les rouliers et les chevaux pour les