Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
380                       UNE PRIMA DONNA
moins avancés que d'autres dans les bonnes grâces de la char-
mante cantatrice.
   Les faits ne tardèrent pas à justifier ces réflexions :
   Un soir que l'on représentait l'opéra de Jean de Paris, au
moment où venait de fondre sur la prima donna une nuée de
fleurs et de bouquets, un coup de sifflet partit du fond de la
salle. — Ce fut comme un coup de foudre pour la pauvre artiste :
elle s'affaissa sur elle-même et s'évanouit -, on l'emporta hors de
la scène, laissant les spectateurs dans une anxiété et une indi-
gnation extrêmes.
   Bientôt heureusement le régisseur vint annoncer au public
que l'accident n'avait pas eu de suite fâcheuse. — La jeune
actrice avait repris ses sens.
   Alors ce fut un concert de joie et d'applaudissements univer-
sels, en même temps qu'un tonnerre de réprobation contre le
sifflet indigne et le siffleur vandale. La prima !.... la diva !.... la
diva! ! — criaient les dilettanti de tous les points de la salle.
   La jeune femme, au bras du directeur, s'avança sur la scène
encor^ pâle et tremblante.
   Alors de nouveaux applaudissements et de nouvelles couronnes
vinrent joncher le théâtre, faisant autour de la prima comme un
buisson de roses.
  Elle était bien vengée !
  Le lendemain, le journal de la ville compléta son triomphe en
publiant l'apologue que voici :


                      LA FAUVETTE ET L'ANE.

         Mistriss Fauvette, en un certain bocage,
         Egayait les échos do son joli ramage ;
         Elle chantait au lever du soleil,
         Elle chantait à son coucher vermeil.
                   La chanteuse jasarde,
                   Mélodieuse babillarde,
                   Des oiseaux d'alentour
                   Faisait et la joie et l'amour.