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270 NOTICE S I * M. I>K LEZAY-MARNÉSIA. Amérique. Ils se hâtèrent d'arrêter leur passage sur le William-Penn, paquebot qui allait mettre a la voile pour l'Angleterre. Ils s'y embarquèrent au mois de mai 1792, deux ans après leur départ d'Europe, quittant, pour n'y plus revenir, ce Nouveau-Monde, où tant de déceptions avaient marqué leur présence. Ils trouvèrent a Londres sir William Pultney et sa fille. Le digne baronnet leur annonça, avec une grâce parfaite, qu'instruit des louables motifs qui avaient porté M. de Lezay fils a mettre en lui sa confiance, il avait fait honneur à sa signature. Tant de générosité, unie a tant de bienveillance, pénétra le cœur des exilés de la plus vive gratitude. Alors MM. de Lezay jetèrent leurs regards vers la France ; tout y annonçait une prochaine dissolution sociale; on touchait au 10 août. Déjà , de tous côtés, les masses, sour- dement influencées, se préparaient k cette journée fatale au meilleur, comme au plus faible des rois. Nulle part de sécurité : les fortunes les plus fières étaient écroulées ; les plus riches familles en exil; les parents, les amis, disparus sans laisser de traces. Ce spectacle de la patrie déchira leur âme et, pourtant, telle est la puissance exercée, durant l'absence, par l'amour de la terre natale, qu'ils étaient résolus a braver tous les périls pour la revoir encore ! Sur ces entrefaites, une affreuse nouvelle vint porter leur désolation k son comble. Madame de Beauharnais était morte, cette même année, emportée par une maladie de poitrine. La perte de cette sœur, de cette douce compagne de son enfance, laissa dans le cœur du comte de Lezay une blessure cruelle, que le temps ferma sans jamais la guérir. Noble, distinguée en toutes ses actions, belle de cette beauté qui ravit k la fois les yeux, le cœur et l'esprit, elle était un de ces êtres rares dont les formes extérieu- res révèlent une nature angélique. Elle avait perdu son