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                NOTICE SUR M. DE LEZAY-MAKNÉSIA.                        221

   Pendant les jours si bien remplis de sa vie de château,
il créa les jardins de Saint-Julien et en planta les bosquets.
Économiste de l'école de Turgot, nous l'avons dit, il mit en
pratique, dans sa terre, les théories de cet homme célèbre.
Ses vassaux, sur lesquels il se plut a répandre une foule de
bienfaits matériels et intellectuels, lui durent, longtemps
avant la Révolution, l'abolition de la corvée. Il sembla, dès
cette époque, pressentir toute la portée de l'orage politique
et social qui grondait sur l'horizon. Dans le désir sincère
d'en conjurer la violence, il se joignit à plusieurs gentils-
hommes de sa province pour demander l'abolition des taxes
féodales et la répartition égale des impôts entre toutes les
classes. Dans le même but, en 1788, il se fit l'éditeur du
Mémoire pour le peuple français, de Cerutti.
   Tel était le père du comte de Lezay-Marnésia. On peut
déjà se faire une idée de l'éducation que recevra l'enfance
du fils, de l'emploi qui sera donné à sa jeunesse.
    Appartenant a la classe de la société dont les rejetons,
pour occuper les premiers rangs , n'avaient alors de peine
à prendre que celle de naître, on ne regarda pas comme né-
cessaire de lui donner une éducation qui pût justifier, par
des titres réels, la suprématie de caste a laquelle il était ap-
pelé. Dès l'âge de 7 ans, il fut placé, au prix modeste
de 300 fr. de pension, chez des moines de Belleley, dans la
principauté de Porentruy. Les bons pères no lui donnèrent,
jusqu'à l'âge de 15 ans, que ce qu'ils possédaient eux-mêmes:

» marquis, dit il, voilà des confitures d'une rare perfection; auriez-vous
« la bonté de permettre à votre cuisinier de m'en donner la recette. »
Cerutti venait de publier une brochure sur l'Éducation des abeilles, et des
sourires se promenaient sur les lèvres de tovis les convives. « Monsieur Vau-
« teur, s'écria le notaire de Saint-Amour, vous venez de manger du miel ? »
Cerutti, en homme d'esprit, partagea l'hilarité générale et convint qu'à
 exemple de tant d'auteurs, il avait fait son livre avec d'autres livres.