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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MAUNÉSU. 217 Sans éblouir, éclaire sans fatiguer. Ils se font une tâche, une limite,unbut qu'ils n'excèdent ni ne dépassent,en aucun temps, pour aucun prix. Dans les bornes de ce devoir, ils sillonnent avec fermeté, avec prudence, leur passage aux fonctions publi- ques. Si des volontés supérieures, si des événements irrésis- tibles brisent le pacte qu'ils formèrent avec eux-mêmes, ils s'arrêtent, et cèdent a la pression des hommes ou des événe- ments, suivis dans leur retraite parle souvenir du bien qu'ils ont fait, consolés dans leur abandon par le sentiment du bien qu'ils voulaient faire. Et, lorsque viennent à s'écrouler, condamnées par la Providence, des institutions qu'ils croyaient douées de force et de durée, on ne les voit point se retourner brusquement contre elles ; ils ne s'efforcent point de cacher le regret qu'ils éprouvent; mais cette affliction ne leur ôte ni le calme ni l'impartialité ; ils cherchent, avec tous , un appui plus solide au pouvoir avili, a l'autorité méconnue, et se prêtent à son affermissement, sans crainte ni sans fai- blesse. Du nombre de ces derniers , fut l'homme distingué dont nous essayons de retracer l'histoire. Cette notice le fera connaître et comme homme public et comme homme privé ; toute œuvre biographique, pour être vraie, doit montrer, sous ce double aspect, le personnage qu'elle se donne la mis- sion de peindre. Albert-Madeleine-Claude, comte de Lezay-Marnésia, na- quit le 6 juin 1771, au château de Moutonne, non loin de Lons-le-Saulnier. Ce fut, pour lui, un bonheur de recevoir le jour dans une maison patricienne ; parce qu'il y reçut, au sortir du berceau,l'impression des bons exemples, la meil- leure part du patrimoine héréditaire, et qu'il lui fut donné d'y mettre a profit les saintes traditions de la famille pour se créer une illustration personnelle. A la noblesse de race. transmise intacte par ses pères, il eut l'inestimable avan-