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LITTÉRATURE MÉDICALE. 133 contre-indications. Il insiste sur la réfutation des empiriques et des méthodiques. Il ne sera pas sans intérêt de faire voir comment Galien apprécie lui-même cet écrit: Propterea (il fait allusion à l'anarchie médicale) coactus sum et librum aliquem scribere de oplimâ sectâ, non qualem multi anteà scripserunt et medicorum et philosophorum, nominatim sectam suam laudantes, sed viam tantum ipsam indicans quâ utens quispiam, optimam doctrinam constituere queat aut in medicinâ, aut in philosophie, aut in aliquâ aliâ arte (Galen. De ordine libror. suor.) Malgré le mérite de cette dissertation, je ne me porterai pas garant que tout lecteur aujourd'hui acquiesce a ce jugement. La doctrine des maladies a été traitée par Galien avec un succès remarquable : son beau traité De locis affeclis (lib. vi), prouve qu'il était un pathologiste éminent; là , prenant les devants sur l'école moderne, il formule la science du diag- nostic • on pourrait soutenir qu'avant le fameux traité de Morgagni : De sedibus et causis morborum per analomen indagatis, publié en 1760, l'art moderne n'avait rien qui pût lui être comparé. Toutefois le médecin de Padoue et le médecin de Pergame n'ont ni la même méthode, ni le même but, ni les mêmes moyens d'action. Galien a moins en vue le diagnostic physique ou direct, que le diagnostic rationnel ou médiat : il démontre, par la théorie et par l'observation, combien il importe, non seulement a la connaissance des maladies, mais encore a la thérapeutique, de savoir exac- tement quel est le siège du mal, ou, en d'autres termes, d'arriver au diagnostic local : c'était un grand progrès par rapport à l'école hippocratique ; il examine successivement, au point de vue de sa thèse, la signification des matières excrétées, les lésions de fonction sans lésion des parties, les diverses formes de douleur, etc.; il enseigne comment on doit s'exercer au diagnostic, et combien la thérapeutique dépend du diagnostic local. Il passe, de la sorte, successi- vement en revue les affections du système nerveux, de l'appareil oculaire, des organes respiratoires, etc., il anime ses descriptions par des aperçus, des anecdotes et des faits pleins d'intérêt. Ce remarquable ouvrage est un des plus beaux titres de gloire de Galien. Nous savons que d'éminents pathologistes de notre temps, M. Andral entre autres, en font le plus grand cas. R. Chartier en a fait le plus bel éloge en écrivant : Dicam lubenter medicum fore neminem qui horum doctrinam non legeril, didiceritque. » (Chart. t. vu, in not.