Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
50                        LE PÈRE DE LA CHAIZE.
dans son royaume, il faut qu'ils se convertissent ou qu'ils s'atten-
dent à être traités très-sévèrement. (1) »
   Il était impossible de se jouer avec plus d'audace des inten-
tions bien connues et des ordres formels du Roi, puisque à la
même époque, le marquis de Louvois recommandait au nom de
Louis XIV, dans ses lettres officielles, le maintien rigoureux de la
discipline, et qu'il ordonnait « de faire pendre le premier dragon
« qui aurait exigé de l'argent d'un habitant. (2). »
    « Le Roi, ajoute M. de Noailles, désirait toujours qu'on se
bornât à exercer une contrainte modérée ; mais M. de Louvois
voulait emporter l'affaire et la menait militairement avec son
despotisme et sa dureté naturelle (3). »
   Ces vexations que nous avons peine à comprendre et qui ré-
voltent nos instincts modernes, étaient bien loin, disons-le en-
core, de produire la même impression sur les contemporains.
   Ainsi, Bossuet lui-même, après avoir énuméré les terribles lois
pénales des protestants contre les catholiques, s'écriait, sans
crainte d'être démenti et dans le calme de sa conscience : « Ces
dragons dont on fait sonner si haut les violences, ont-ils approché
de ces excès? Et tout ce qu'on leur reproche d'avoir entrepris
 sans ordre, de combien est-il au-dessous des violences où les
protestants se sont emportés par des ordres bien délibérés et
bien signés (4). »
    Les résultats que le ministre de la guerre espérait obtenir, en
usant des voies de rigueur, se. produisirent comme la première
fois. Les protestants tremblants de crainte, se convertissaient en
 foule.
    Pendant ce temps-là, les missionnaires, par de sages exhor-
 tations, s'efforçaient de répandre les lumières de la foi et les
 consolations de la charité dans l'âme ulcérée des nouveaux con-
 vertis. Il n'est point douteux que l'infatigable persévérance de


     (1)   Lettre du marquis de Louvois, novembre 168S.
     (2)   Lettre du marquis de Louvois à M. de Bérulle, 13 décembre 1685.
     (3)   Histoire de Mad. de Maintenon, t. II, p. 489.
     (4)   Cinquième avertissement aux protestants, par Bossuet.