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LETTRES SUR LA SAUDAIGNE. 373 bonde des pasieurs. Mais un esprit de lumière et de progrès commence à souffler sur celte terre prédestinée, et, comme déjà je vous l'ai dit ailleurs , une ère nouvelle de gloire et de prospérité va commencer pour elle. Mais aussi, quel pays fut jamais plus privilégié de la nature, que cette île ! Placée sur la route de l'Orient, des golfes magnifiques fermés aux vents du nord, comme ceux de Cagliari et de Terra-Nova, découpent ses rivages. Son sol, d'une fertilité merveilleuse, se divise en trois régions distinctes par leur aspect et leurs produits. Au nord, les jar- dins de Sassari, les bois d'oliviers et d'amandiers, les champs de (abac et les prairies ; au centre, les monls inaccessibles, les foréls vierges de chênes verls, de lièges et d'ifs, où parfois l'insouciance des pasieurs allume d'immenses in- cendies; au sud, ce sonl les plaines brûlantes de l'Afrique, les moissons ondoyantes, les palmiers solitaires, les caclus et les aloès, et les grands bois odorants d'orangers et de citronniers. Des rivières, petites mais nombreuses, coulent dans tous les sens; des torrents bordés de lauriers roses, descendent des montagnes, dont un sainfoin naturel à fleurs de pourpre, nommé sula, tapisse les sommets. Les fruits de toutes espèces y mûrissent en abondance, et, malgré l'in- suffisance des instruments de labour, de magnifiques récoltes de froment, de blé lurc, de fèves, de lentilles couvrent celte contrée; la culture de la pomme de lerre vient d'y être tentée avec succès par les agriculteurs de l'établissement Viclor Emmanuel; le chanvre seul est encore inconnu. Enfin, des vins variés et délicieux, qui, si ce n'étaient les droits énormes qu'ils sont condamnés à payer au conlinenl, acquié- reraienl bien vite une grande célébrité. Quoique pauvre en produits effeclifs, la Snrdaigne esl, pour la quantité de ses besliaux , d'une richesse incroyable. Ces bestiaux ne sont pas en général d'une taille développée ; •